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Ahmed KALOUAZ


Juste écouter le vent


Le texte se situe entre la poésie et la réalité qui réapparaît avec le cœur qui part en tachycardie au risque de faire basculer Ahmed Kalouaz vers la mort. Nous sommes tous mortels, voilà le problème des humains, mais savoir que cela peut arriver bien plus tôt que prévu est un facteur supplémentaire d’angoisse qui oblige à se poser des questions, à fouiller le passé, à faire le point sur sa vie.

Ahmed Kalouaz évoque sans fioriture ses passages à l’hôpital, les alertes régulières que son cœur lui envoie pour lui dire : «Occupe-toi de moi ». Une crise peut arriver n’importe quand, même pendant une lecture comme celles qu’il réalise régulièrement dans des médiathèques. Lire debout, une jambe pliée sur une chaise, est sa position pour rencontrer le public et distiller la poésie de ses mots, de ses émotions, de ses souvenirs qui courent au fil de ses différents livres.

Juste écouter le vent parle beaucoup de nostalgie, d’enfance, d’espoirs, d’inquiétudes. La vie hospitalisée, la rencontre avec les infirmières et les médecins, sont toujours des moments hors du temps. C’est donc un arrêt qui permet de prendre le temps d’explorer la vie, le passé… Le personnage du grand-père est omniprésent, lui qui a vécu et réchappé à la guerre de 14 mais a été tué pendant la guerre d’Algérie. Enfant, Ahmed Kalouaz a entendu les adultes parler de ces guerres, des bribes lui sont parvenues qui ont généré des terreurs.

Pour Ahmed Kalouaz se raccrocher aux mots est essentiel pour ne pas sombrer dans la peur : « Je me glisse dans mon carnet » celui qui est posé à côté de lui sur la table de nuit.

Beaucoup de sincérité dans ce texte qui oscille entre le désir de vivre et la peur de mourir. Le récit alterne avec des poèmes et des références à plusieurs écrivains ou chanteurs qui l’ont accompagné comme Léo Ferré, Louis Aragon, Jean Ferrat, Guillaume Apollinaire…

« La vie ne demande rien, elle est à prendre, même si parfois elle tourne mal. »

« La vie, c’est cette idée un jour d’avoir voulu faire chanter les mots pour rattraper le temps perdu ou, oubliée dans des famines anciennes, donner la parole à des générations de muets. »

Beaucoup d’émotions et de force dans ce texte qui allie autobiographie, poésie, hommage à ces Algériens qui, comme son grand-père, ont combattu pour défendre le liberté de la France. Rappeler le rôle qu'ils ont joué est essentiel dans un monde où existent trop souvent l'exclusion et le rejet.

Juste écouter le vent est une très belle lecture et  nous souhaitons juste écouter Ahmed Kalouaz, qu’il continue longtemps à faire chanter les mots pour notre plus grand plaisir. 

Brigitte Aubonnet 
(15/10/15)    



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Le Rouergue

(Octobre 2015)
80 pages, 12,80 €







Ahmed Kalouaz
vit dans le Gard.
Il écrit des nouvelles,
de la poésie, des romans,
du théâtre...



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Les solitudes
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