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Rémi, dix-sept-ans, suite à un accident dans sa dixième année, est un garçon particulier. Une partie de ses neurones « ont été cramés par la fièvre quand il était petit » et il est sujet à des « blancs » et des accès de violence soudains. Suite à ce drame, ses parents ont divorcé et la mère de Rémi l'a confié à une institution « pour gogols » où il est resté juste le temps de rencontrer Émilie, une « triso », dont il est tombé amoureux. Un refus de s'alimenter convaincra assez vite son père (décalé, abusant de l'alcool mais aimant) de le sortir de cet endroit affreux pour le prendre chez lui. Ils squattent, depuis que le père a été viré de son travail, dans un immeuble de banlieue promis à la démolition et vidé de ses habitants à l'exception d'un couple de marginaux toxicomanes dont ils sont assez proches. Mais tout va basculer un matin quand Rémi retrouve sont père mort, asphyxié dans son vomi. Pour ne pas être renvoyé chez les fous, sachant que sa mère (et surtout ce « con de Franck » avec lequel elle vit maintenant) n'acceptera jamais de le reprendre, il se sauve de l'appartement après avoir appelé à l'aide Mamy, sa grand-mère maternelle qui a toujours gardé de bons rapports avec son père et lui. Celle-ci, pleine de ressources, lui trouve vite une planque chez son ami Jo, le jardinier de sa maison de retraite. Mais le garçon n'est pas de tout repos : à l'issue de la crémation de son père il dérobe l'urne funéraire enterrée puis kidnappe Émilie de sortie pour le week-end chez ses parents. C'est alors que, sur la route du retour, suite à un accident qui les immobilise au milieu de nulle part, ils croisent Dan et Kathy.… Le parti pris de l'auteur est de laisser le lecteur découvrir cet étrange road-movie d'une grand-mère et de deux handicapés à travers le regard, les mots, empreints parfois d'une naïveté et d’une fraîcheur qui font sourire, de Rémi dans le rôle du narrateur. La parole décousue du narrateur parfois en bisbille avec les mots (même s'il est terriblement attiré par eux et les notes scrupuleusement dans son carnet), les nombreux dialogues, la personnalité souvent atypique des personnages qui ont tout pour nous surprendre au coin du bois, tout confère à ce roman une vivacité, une épaisseur et un charme décalé qui fait mouche. C'est cela, ces moments de beauté, de joie et d'émotion qu'en toute simplicité, respectueusement, l'auteur parvient à partager avec nous. Des moments rares tout en sensibilité, où l'humour voile avec pudeur les sentiments. Dans ce roman, le lecteur croisera aussi les chansons de Johnny Cash dont le père tant aimé était fan, les aventures de Tom Sawyer que depuis ses dix ans Rémi traîne partout avec lui et ne se lasse pas de lire et relire, et surtout toute une galerie de personnages aussi truculents et chaleureux que les trois protagonistes principaux. Patrice Juiff nous offre avec ce roman lumineux une ode à la tolérance, à la confiance, au respect et à l'amour sous toutes ses formes, un récit délibérément positif (ce qui est très nouveau chez un auteur qui s'était attaché dans ses romans précédents à des faits divers très noirs), ni angélique ni niais, qui réchauffe le cœur et donne envie de croire, tout simplement, en la beauté du monde et la capacité de bonté des hommes. Dominique Baillon-Lalande (14/06/16) |
Sommaire Lectures Le Rocher (Mai 2016) 240 pages - 18,90 €
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