Comme l’écrit Horace Engdahl, Café Existence est « une collection de fragments ». Le fragment lui donnant la liberté de se contredire, de n’être pas « engagé », de rendre au mot sa « plénitude » tout en nous tirant du côté de Barthes, illumination et pensée mélodieuse.

Comme dans La Cigarette et le Néant, la centaine de courts textes qui composent ce recueil interroge l’existence, le rapport à l’intime, aux autres, au temps, au travail, ici forcément littéraire, l’auteur étant aussi lecteur et critique, d’une manière acérée, aphorisme oblige. Le mot juste est comme un coup de rame, à la fois rapide et puissant, qui propulse l’embarcation en avant sans troubler la surface de l’eau.

Et comme « la citation est la meilleure des critiques » voici quelques morceaux choisis avec d’autant plus de plaisir qu’on sait que ce ne sera pas obligatoirement se priver du reste…

Celui qui se tait n’exprime pas son consentement : il est en train de chercher un non plus grand encore que ce que la langue possède.

L’hygiène de l’âme consiste à écouter les objections […]

Les paroles sont une sorte de raccommodement : là où tout est intact, on n’a pas besoin de parler.

Ce dont K. fait l’expérience, c’est la tyrannie des masses.

La médiocrité naît des sentiments que nous nous forçons à éprouver.

La poésie : l’art de mettre en vers ? – Non, à l’envers.

[…] mon rapport à l’art. Peu à peu, je finis par comprendre qu’il n’est pas là pour changer ma vie, mais qu’il est le changement intervenu dans ma vie.

Ce que les livres nous conseillent, c’est de retourner à la bibliothèque, ce que veut la musique c’est qu’on se remette à jouer.

… puisque pour le reste, nous avons toujours la possibilité de retourner au Café Existence.

Sylvie Lansade 
(06/01/16)