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Alaa El Aswany nous révèle souvent la société égyptienne
à travers un lieu donné, par exemple : l'immeuble Yacoubian au Caire
pour son roman éponyme. Dans les années quarante et jusqu'à la prise de pouvoir des généraux
(ceux de 1952, bien entendu !), l'Automobile Club d'Égypte était
fréquenté uniquement par des occidentaux principalement britanniques
(honneur à l'occupant !), mais également par la haute bourgeoisie
égyptienne et évidemment par son monarque le Roi Farouk, ses pachas
et sa cour. Sous les ordres de ce cartel de dignités plus ou moins honorables, viennent
les serviteurs, une armée de serviteurs recrutés avec des critères
dont la logique tient du cornet à dés et dont le principal souci
consiste à ne pas perdre leur emploi. Sous les coups d'un de ces châtiments, Abdelhaziz Hamam, portier du Club
par infortune, mourra. Abdelaziz issu d'une grande famille de la Haute-Égypte,
riche terrien ruiné par sa trop large bonté, n'avait rien dans
son caractère et dans son éducation du valet ni du larbin qu'il
tentait de devenir pour nourrir et assurer l'éducation de ses enfants.
Le peu qu'il lui restait de fier dans l'allure et de noble dans le regard agacera
Al-Kwo au point de le punir à mort. À travers le destin de la famille d'Abdelhaziz Hamam, après le
décès du père, et de ce Casino fréquenté
par les dignitaires corrompus du pays et le Roi Farouk (souverain fantasque
et jouisseur), c'est un peu l'histoire de l'Égypte et des Égyptiens
d'aujourd'hui dont Alaa El Aswany nous parle. Dans la lignée de Naguib Mahfouz (Prix Nobel de littérature 1988, le premier de langue arabe), Alaa El Aswany accomplit d'ouvrage en ouvrage une uvre (c'est moi qui souligne) qui restera pour l'Égypte et les Égyptiens aussi importante que celle de Zola ou de Balzac pour nous autres Français. Pour dire quelques mots sur la traduction par Gilles Gauthier de Automobile Club d'Égypte, il faut rappeler qu'El Aswany, comme beaucoup d'Égyptiens de sa génération, est parfaitement francophone mais qu'il laisse toute liberté à son traducteur** d'accomplir sa tâche sans jamais s'immiscer de quelque manière que ce soit dans son travail. Vous qui avez eu tant de plaisir à lire L'Immeuble Yacoubian,
je sais que vous vous êtes déjà précipités
chez votre libraire pour découvrir Automobile Club d'Égypte.
Pour ceux qui ne connaissent pas encore l'univers d'Alaa El Aswany, vous pouvez
le découvrir par le chemin inverse : d'abord par l'Automobile Club
puis, j'en suis persuadé, par L'Immeuble.
* Pour information, en ce début du XXIe siècle, les moins de
30 ans représentent 67 % de la population du pays. David Nahmias |
Sommaire Lectures Editions Actes Sud 544 pages - 23,80 € Traduit de l'arabe (Egypte) par Gilles Gauthier
Découvrir sur notre site d'autres livres du même auteur : L'immeuble Yacoubian J'aurais voulu être égyptien Chroniques de la révolution égyptienne |
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