Deux recueils tête-bêche à partir d'un ensemble de photographies de Maria Desmée sur des pommes en transformation par lente détérioration, jusqu'à disparaître. Comme le dit l'auteur de ces photos : Pour moi, en changeant d'aspect, de texture, de couleurs, les pommes sont devenues autre chose : des joyaux venus d'ailleurs. L'idée du conte était une évidence. Voici donc le point de départ de deux écritures : celle de Maria Desmée et celle de Jean Foucault.

Dans Conte d'une traversée, Maria Desmée nous entraîne dans des métaphores d'un univers féminin où se transfigurent l'univers et la femme dans un subtil passage de l'un à l'autre.

Rouler jusqu'à prendre vie
S'arracher
La sève éclate
Sa semence torride tombera dans le vide
Il est temps de trouver sa maison
Poser sa robe sur le seuil
Attendre le soleil sur la pente des jours
S'arroser de pluie

S'enraciner dans cette errance

ou encore :

Le recueil de Jean Foucault est préfacé par Constantin Kaïtéris. L'univers de ce recueil sur les pommes est, comme le dit l'auteur : je donne ici quelques anthropommemorphes, non pas tant des pommes à figures humaines que le désir mêlé, à fleur de hic, à cœur de peau, à pommumohu et tomhumanité.

Dans le recueil Anthropo-Pommes, Jean Foucault nous emmène dans une sorte de leçon de choses où tel un pédagogue poète, il revisite savoir et pommes pourries.

Par un beau matin
La pomme de Newton
Tomba sur son crâne

Que ferait le génie de la pomme ?

On pouvait craindre le pire.

Mais qu'est-ce que le pire pour une pomme ?
Est-ce d'être croquée
Ou de pourrir à petit feu ?

La pomme est tombée
Et personne ne s'est intéressé
À ce qu'il en est advenu.

Toutes les chroniques sont muettes
Sur ce point.

On regrettera que les photos ne soient pas de la même qualité que les photos originales. L'ensemble de ces photos étant de qualité.
Les deux recueils tête-bêche sont très plaisants à lire, les deux voyages de décomposition de pommes sont ouvert à notre imaginaire et nous emmènent très loin en nous-mêmes. C'est pour cela que nous trouvons tant de plaisir à lire et relire ces deux recueils.