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« Je quitte Damas demain. […] Il n'y a donc qu’un motif à mon départ : le plaisir que j'aurai à revenir. Le bonheur de toucher l'Orient en avion vers six heures le soir. Rentrer chez soi dans un pays qui n'est pas le sien, s'y sentir attendu autant. » En 2007, Alain Bonnand s'installe avec sa femme, leurs quatre enfants et leur chat, pour trois ans à Damas. Par le biais d'un courrier envoyé à une certaine Alexandrine, le narrateur nous raconte en courts tableaux l'installation, la découverte, le bonheur de vivre en Syrie. C'est sûrement parce qu'ils vivent à Malki, « quartier affreusement résidentiel », que le seul problème rencontré avec un barbu vendeur de poulets à la broche est que, par deux fois, au lieu du poulet rôti demandé, on leur a vendu du poulet en sauce ; que c'est au bout de trois jours qu'Alain voit son premier foulard, « un foulard imprimé, noué sous le menton. Une jeune femme d'environ votre âge : escarpins, pantalon corsaire, débardeur blanc. […] Nous étions quelques messieurs à la terrasse du restaurant El Mondo à baisser beaucoup les yeux : on aurait dit qu'elle jouait une scène de cinéma tellement c'était joli – le foulard surtout ! », et que les seules armes entendues seront des jouets vendus à l’Aïd. Les nuits sont rythmées par le tambour de "l'éveilleur" qui avertit « la population qu'elle doit se lever si elle veut avoir le temps de se sustenter avant les premières lueurs et que ne commence le jeûne ». Les jours par des rencontres, celle, entre autres, d’une belle antiquaire « au visage de petite fille perdue », des parties de tape-cul au parc Al Jahez avec sa plus jeune fille et des excursions paisibles et amusantes dont les destinations, aujourd'hui, font frémir d'horreur : Alep, Lattaquié. Lattaquié « où la jeunesse, cheveu libre, motorisée, emplie d’un bruit qui n’est pas le sien, a l’air de tourner en rond. Terrible témoignage, en creux, où le bonheur, quand il va s'en aller, va faire un vacarme épouvantable. « Nous quittons la cohue et sortons dans la nuit douce. […] Bon, nous traversons les vergers, nous sommes sur la voie du milieu de l'autoroute déserte et, à moins qu'un pick-up ne surgisse avec sa cargaison de pastèques de fin de saison – femmes et enfants perchés au-dessus – nous risquons guère, à la vitesse nous allons, qu'un petit tête-à-queue... » Sylvie Lansade |
Sommaire Lectures Lemieux (Août 2016) 136 pages - 14 €
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