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Christine BALBO

Deux nouvelles italiennes


Dans la première nouvelle, Le sac, Dorothée profite de Sienne et de ses terrasses de café. Une petite fille, prénommée aussi Dorothée, fouille dans son sac, le touche puis s’assoit à sa table. « Dorothée délia les mains de la gamine des anses de son sac siennois. Il était rose, d'un rose poudré, légèrement bleuté. Si souple qu'on ne pouvait s'empêcher de malaxer, de triturer ses deux soufflets de veau foulonné. Ce sac attirait la caresse. »
Christine Balbo décrit avec beaucoup de beauté la peau de veau du sac, la douceur du toucher, la délicatesse de la couleur. Les termes utilisés pour donner vie aux tissus et au cuir sont très précis ce qui donne beaucoup d’attrait au texte.
Nous passons un moment bien agréable sur cette place de Sienne où nous avons l’impression de nous asseoir avec ces deux Dorothée, très différentes l’une de l’autre. Le garçon de café et un mime interviennent, chacun à sa façon, dans ce duo éphémère des deux Dorothée, un espace arrêté dans la vie de chacune.  

Dans la deuxième nouvelle Stresa, une femme de presque quatre-vingts ans part à l’hôtel à Stresa avec sa filleule. Elles échangent sur différentes villes et le rôle qu’elles ont pu jouer dans l’Histoire. « – Un décor, ouais, peut-être. Un décor littéraire. Ils sont tous venus ici, ils ont tous décrits les îles Borromées.
– Tous ?
– Stendhal, Dickens, Gautier, Barrès, Rilke, Joung...
Teresa se retourna pour désigner le Grand Hôtel
– Là, tiens, par exemple. C'est là qu'il a vécu, Hemingway.
– C'est là qu'on aurait dû réserver, alors ! Et Marraine cligna malicieusement de l'œil.
– Toutes ces belles villes ont abrité de foutues conférences, enchaîna Teresa. Je me souviens du choc de Wannsee. Je me rappelle avoir pensé, dans le jardin, assise sur mon banc, comme en ce moment, là, tiens, je me rappelle avoir pensé "comment peut-on décider de trucs aussi horribles dans un décor pareil ?"
– Demain nous irons à Isola Bella. C'est dans la salle de musique du palazzo que Mussolini et Laval ont décidé de ne rien faire face à la militarisation de l'Allemagne, en 1935. Ça va nous gâcher la visite, tu crois ?
– J'aime pas l'histoire.
– Oui, je sais, ma petite. Toi, tu aimes les histoires. »
En effet, Teresa écrit et illustre des albums. Elle dessine partout où elle passe.
Nous sommes de nouveau dans un temps suspendu, ces moments où l’esprit vagabonde et se permet de profiter des sensations ressenties tout en s’interrogeant sur le rôle de l'histoire.

Ces deux nouvelles chargées d’émotions relatent avec finesse des instants de pause dans le tourbillon du monde et se dégustent comme une boisson fraîche sous le ciel d’Italie.

Brigitte Aubonnet 
(30/09/16)    



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Rhubarbe

(Septembre 2016)
56 pages - 5 €





Christine Balbo,
agrégée d'espagnol, essayiste, traductrice et chroniqueuse littéraire, a écrit de la poésie et publié des nouvelles en revues (Brèves, Harfang)
avant de faire paraître
son premier recueil,
Les gorges rouges.



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son premier recueil :
Les gorges rouges

et un essai sur la poésie
de Sylvestre Clancier :
Le voyage et la demeure