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Metin ARDITI


La confrérie des moines volants


L'histoire débute en 1937 alors que le régime soviétique détruit les églises, saccage les trésors de l'art orthodoxe et persécute les religieux. Quelques moines parviennent à se sauver dont Nikodime qui cache un secret et tente par les moyens les plus radicaux qui soient d'expier ses péchés :
Malgré l'obscurité, il arriva au Golgotha plus vite qu'il ne l'avait jamais fait. Il posa son tronc à terre, se coucha sur lui, les bras en croix, et passa le reste de la nuit étendu dans le froid, la bouche et le nez envahis de poussière.

Il va se retrouver à la tête d'un groupe de rescapés et créer avec eux la confrérie des moines volants. Leur mission : sauver les tableaux et les icônes qui ornent les églises et n'ont pas encore été détruits. Nikodime se charge de dissimuler les objets récupérés. Une jeune fille, presque une enfant, l'observe attentivement. Elle s'appelle Irina et elle a décidé de l'aider malgré lui.

La seconde partie du livre commence en l'an 2000, alors que Mathias, le petit-fils d'Irina procède à l'inauguration de l'une de ses expositions de photographies. Au même moment, son père décède et il découvre qu'il lui a caché tout un pan de sa vie lié à la Russie. En pleine interrogation sur sa pratique artistique, il décide de partir découvrir ce pays. Son périple le mènera sur les traces des œuvres cachées par Nikodime.

A travers ces deux époques, Meltin Arditi dresse un tableau de la Russie, entre nostalgie du communisme et volonté de reconstruction. Plusieurs personnages attachants incarnent les contradictions de ce pays. Il y a tout d'abord Polia, journaliste et veuve. Son mari interné pour propagande anticommuniste est mort en clinique psychiatrique; Leonid Ashrakoff, un prêtre dont le père était lieutenant-colonel au NKVD et Ivan Karazine, ancien athlète devenu président de l'association " les enfants de Russie ", attristé par la fin de l'époque communiste. Tous les trois vont voir leur vie changer par cette quête des icônes enfouies.

Comme dans son précédent roman, Meltin Arditi accorde une place majeure à l'art, émanation de ce que l'homme sait faire de meilleur et vestige d'une histoire souvent tourmentée. Il occupe une fonction vitale pour les personnages du roman, à l'exemple de Polia qui explique pourquoi elle va au musée contempler une toile représentant Danaé : un angelot l'arrose d'une pluie d'or, et selon la légende, c'est Zeus qui a trouvé cette ruse pour l'ensemencer. Presque toute la surface de la toile est sombre. Mais cette lumière qui illumine le corps de la femme au milieu de l'obscurité, c'est l'histoire de la Russie. Nous cherchons le drame à tout prix, pour le plaisir de la consolation. Nous voulons connaitre cet aigu quel qu'en soit le coût.

Meltin Arditi signe ici un beau roman qui explore les liens entre les générations et réfléchit à la fonction de l'art dans la société.

Enora Bayec 
(17/10/13)    



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Grasset

(Août 2013)
352 pages - 19 €




Metin Arditi,

né en 1945 à Ankara, vit à Genève où il préside l'Orchestre de la Suisse romande et la fondation Les Instruments de la Paix-Genève. Il a déjà écrit une quinzaine d'ouvrages (essais, récits, romans).


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Wikipédia




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