Cora est une jeune fille de 16 ans moderne et féministe. Et pourtant, ses aventures ont été écrites en 1910, aux États-Unis par Margaret Penrose (pseudonyme de Lilian Garis) une journaliste "suffragette". « Suffragette : Femme qui militait pour le droit des femmes aux États-Unis et en Angleterre dans les années 1900. Aux Etats-Unis, les femmes obtinrent le droit de voter en 1920 (en France, elles durent attendre jusqu’en 1944 ! »
Le permis de conduire n’étant pas encore institué, pas plus que l’âge légal pour conduire une voiture, rien n’empêche Cora de réaliser son rêve.
« J'ai travaillé l'été, tout l'été, deux ans de suite pour m'acheter une voiture, et les grands-parents m'ont aidée à payer le reste. »
Quant à sa tenue, elle refuse les codes vestimentaires en vigueur à l’époque dans leur petite ville. « Elle était vêtue d'une simple robe de lin et ses cheveux courts étaient en désordre. Maintenant qu'elle était propriétaire d'une voiture, elle avait décidé de renoncer, une bonne fois pour toutes, aux coiffures sophistiquées, aux robes à froufrous, et aux corsets privilégiés par les autres filles de seize ans, mais qu'elle détestait tant. Plus rien ne l'entraverait dans sa quête d'aventures ! »
Et les aventures ne vont pas manquer, entre les pannes, les accidents et autres surprises…
Dès que sa voiture est prête elle se précipite au garage avec ses deux amies, des jumelles, Bess et Belle, qui ne partagent pas tous les comportements transgressifs de Cora. Mais elles suivent, toujours épatées par le courage et la détermination de la jeune conductrice.
Deux événements vont apporter suspense et rebondissements dans ce roman.
Tout d’abord la mystérieuse disparition de documents importants.
Le frère de Cora a un ami, Ed, dont la tante travaillait chez Ford. Elle a récupéré « les plans originaux de la Ford Model T, la voiture la plus populaire sur le marché, la première voiture à avoir été fabriquée à la chaîne, ce qui la rend plutôt accessible. »
« Le modèle a depuis subi des modifications conséquentes. Henry Ford ne considère pas que les plans aient de la valeur, et il les aurait jetés si ma tante ne les avait pas récupérés. »
Elle a décidé de les offrir à la National American Woman Suffrage Association pour qu’ils soient vendus aux enchères au profit de la lutte des femmes pour obtenir le droit de vote.
Ed était chargé de remettre ces documents à la présidente de l’association mais on ne retrouve que l’enveloppe vide dans le coffre de la voiture de Cora.
Qui les a pris ? Pourquoi ? Mystère…
L’autre événement est une course automobile.
« Tous ceux qui possèdent une voiture peuvent y participer. C'est organisé par une nouvelle firme d'automobiles, Whitehall. Les participants font la course entre New City et Laketown, et le gagnant recevra cent dollars. »
Bien évidemment, Cora ne manquerait pour rien au monde cette magnifique opportunité.
Le livre, avec sa couverture cartonnée aux incrustations dorées et les illustrations noir et blanc de Marlène Merveilleux, a un aspect classique qui devrait attirer nombre de jeunes lectrices et lecteurs curieux de découvrir un univers différent de celui d’aujourd’hui, sans téléphone portable ni réseaux sociaux, mais où, déjà, certaines filles savaient faire preuve d’initiative pour prendre toute leur place dans la société et ne pas se laisser reléguer dans un rôle inférieur à celui des garçons. Ce roman est le premier d’une trilogie. À suivre...
Parallèlement, dans le même univers des « Vintage Sisters
», une autre série voit le jour autour de Ruth Fielding, une orpheline débrouillarde mordue de cinéma. On y reviendra dans une autre chronique…
