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Collectif


Nos identités futures
celles qu’on imagine, celles qu’on espère

Cet ouvrage fait suite à celui publié en 2021 : Nos identités, celles qu’on nous impose, celles qu’on cache.  Ces deux ouvrages sont nés d’un concours d’écriture ayant pour enjeu de donner la parole aux personnes cantonnées à la marge, dont la culture, la religion, la sexualité, le genre, l’apparence physique sont l’objet de préjugés, parce qu’ils ne correspondent pas à la norme établie. Pour ce concours il fallait envisager des futurs différents où toutes les formes d’oppression avaient disparu.
Dans la nouvelle « Parler de ça », l’autrice met en scène Vi et Nathan qui sont devenus handicapés suite à une paralysie cérébrale, mais Vi refuse d’en parler. Elle refuse même de prononcer le mot « qui commence par un h […] celui qui, en quatorze ans, n’a jamais pu franchir mes lèvres. »  Grâce à Nathan, elle pourra se confier, dire ce qui fait le plus mal, « …quand ils me font sentir ma différence. » Nathan lui propose de participer à un concours artistique, une BD qui parlerait de leur réalité quotidienne, de leur handicap. Pour briser le silence, l’incompréhension.
Dans « Conseil d’abeille », Noah, qui vit en 2124, fouille les méandres d’un vieux forum de rencontre virtuel qui datait d’un siècle. Une nuit elle trouve le message de « MilaSiDo » qui appelle à l’aide.  Les élèves de l’école de Mila la rejettent depuis qu’ils la savent bisexuelle. Son message est resté sans réponse. A l’époque où vit Noah, c’est inimaginable, son choix de vie paraît normal à tout le monde, copines, prof, famille. Noah s’amuse à lui répondre sans espérer un retour. Contre toute attente, une conversation s’établit entre les filles, malgré le siècle qui les sépare.
En 2091, Maïla vit à Chelles avec sa mère depuis qu’elles ont quitté leur Guyane natale. Le matin où Maïla a peur d’aller au collège et risque de rater le concours d’éloquence, sa mère lui confie un secret : le récit écrit cent ans plus tôt par Kandamma, son aïeule, une militante révolutionnaire qui a choisi de convaincre par les contes pour lutter contre la haine, le rejet de la différence, pour le droit des femmes et a réussi à transformer le monde.
Dans « Mille fins du monde », Orion souffre de réussir moins bien que les autres enfants. Il se sent minable, s’isole car il ne supporte ni le bruit, ni la pression des corps contre le sien. Quand il voit les autres enfants jouer dehors depuis sa chambre, ça lui  brise le cœur. « J’ai l’impression de ne pas être entier. On a oublié un rouage quand on m’a fabriqué. La fonction qui aurait dû me permettre de savoir quoi dire, et quand, pour me rapprocher des autres. » Très belle incarnation de l’autisme. Orion est trans, ce qui lui complique la vie. Surtout quand il doit accueillir dans sa chambre une nouvelle.
La dernière nouvelle « le cercle des initiées » met en scène Esra Saïdi, étudiante. Elle reçoit une lettre pour l’inviter à rejoindre la première réunion du Cercle des initiées. Sur le chemin qui la mène à l’université, elle remarque que quelque chose a changé ; personne ne s’est retourné sur son passage, personne ne lui a adressé un compliment déplacé. Dans le métro, tout a été repeint dans la nuit ; les voitures jaunes pour les personnes qui s’identifient au genre féminin, et les vertes pour celles qui s’identifient au genre masculin. C’est une mesure contre le harcèlement et les agressions sexuelles dans les transports. Arrivée à l’université, elle croise son professeur référent qui l’encourage à s’orienter vers une filière plus prestigieuse, voire une grande école. Et d’admettre que le parcours scolaire d’Esra a été entravé par des discriminations liées à sa classe sociale, à son environnement et au racisme. Elle croit rêver. Il poursuit en lui annonçant que sa bourse sera réévaluée pour lui éviter de cumuler des jobs étudiants en plus des études. Et quand elle rejoint la réunion de ce cercle mystérieux, elle apprend que tout est mis en place pour lutter à l’échelle mondiale contre les inégalités de manière radicale.
Ces nouvelles sont parfois caricaturales de bons sentiments mais certaines traduisent un vécu du rejet, de la souffrance qui sonne juste.

Nadine Dutier 
(14/02/24)    



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Jeunesse








Divéka / Rageot

(Janvier 2024)
192 pages - 14 €

Version numérique
9,99 €







Les autrices
et auteurs :

LK Imany
Romane Le Dain
Goodnight C. Lullaby
Joëlle Nimba
Noé Natt
Nesrine Slaoui