Retour à l'accueil du site






Dominique BOUDOU

Mis pasos son mis versos
Mes pas sont mes vers


Combien de chemins sur le chemin
Combien de corps dans le corps
Toute poésie est impuissance

Dominique  Boudou

            Cheminement particulier pour Dominique Boudou qui pour ce recueil a écrit les poèmes en espagnol, une langue qui est étrangère au natif de Bordeaux, et qu’il a ensuite traduits en français. Ce qui nous amène à une édition bilingue qui permet de composer le lointain et le proche.

Mes pas sont des vers
Sur le chemin ordinaire
Regarder un papier déchiré
Une pierre tombée
Une bête dans un trou
Composer le lointain et le proche
Dans la même marche

            Composer le lointain et le proche c’est, bien sûr, au sens géographique, comme Santander où le poète a fait un séjour estival enfant et Bordeaux où il vit, c’est composer le poème avec les deux langues, mais c’est également composer le passé et le présent, le vivant et le mort,…

Je me souviens d’une grand-mère
Elle allait en parlant entre ses dents
De la lenteur de l’eau et de la terre
Qui savait accueillir le rêve
Des chiens et des hommes
Celle que je pourrais chercher
Si je cherchais quelque chose
Dans les traces piétinées
De mes enfances

            Mais, surtout composer le proche et le lointain c’est ce que l’on fait quand on marche, les relier. Dans le mouvement le proche devient lointain derrière et le lointain se rapproche. Car l’essentiel c’est la marche ordinaire que l’on pratique, le chemin de vie où « la réalité n’a pas de lignes sûres », où il ne faut pas confondre « les idées et les choses » et où tout là-bas il y a un obstacle :

S’arrêter devant le mur
Qui empêche la marche
Il a surgi comme une invisible poussée
De ce que j’ai épuisé des jours communs
Travail d’ouvrir les portes et les fenêtres
D’allumer et d’éteindre les espérances
A l’ordre du fait de vivre
Des pas après d’autres pas
Qui ne laissent pas la moindre trace
Le vertige du mur me domine

            Cheminement ordinaire qui se fait sans grands mots,

Je ne suis pas le poète des jolis mots
Comme tapis ou chèvrefeuille
Je ne suis pas le poète de l’horizon
Qui regarderait l’humanité agoniser
Dans son puits fermé
Je suis poète si je le suis
Du dégoutant et du sale
Dans la langue comme dans le corps

            Cheminement ordinaire et singulier où pourtant chacun peut partiellement se retrouver dans ces poèmes pédestres.

Michel Lansade 
(15/01/24)    



Retour
sommaire
Poésie
















Tarmac

(Décembre 2023)
140 pages - 23 €




Préface de
Grégory Rateau