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Jonathan AMES


Il s’appelait Doll


Nous avons déjà apprécié l’ambiance de roman noir américain de Jonathan Ames avec Tu n’as jamais été vraiment là, adapté au cinéma sous le titre A beautiful day, récompensé par deux prix au Festival de Cannes 2017 dont celui du meilleur scénario.

Nous retrouvons ici cette atmosphère sombre et toujours chargée de menaces en suivant Hank Doll, ancien militaire puis policier de Los Angeles, devenu détective privé, qui se trouve entraîné dans une sombre histoire par un ami venu lui demander… un rein.
« Shelton avait toujours été du genre pas facile à tuer. […]
Il s'était assis dans le fauteuil réservé aux clients, et moi j'étais derrière mon bureau.
Il avait soixante-treize ans, il était court sur pattes, et chaque fois que je le voyais, j'avais l'impression qu'il avait rapetissé.
Moi, j'avais cinquante ans, j'étais irlandais, j'étais cinglé et ça ne s'améliorait pas avec le temps, bien au contraire. »
Shelton est un gros fumeur. Il a été opéré à cœur ouvert trois fois et on lui a déjà enlevé un rein. Le deuxième étant maintenant atteint, c’est dialyse tous les deux jours ou transplantation. Mais compte tenu de sa mauvaise hygiène de vie, les médecins refusent de le mettre sur leur liste.
« Je ne suis pas un très bon candidat. Ce serait gâcher un rein. […] De toute façon, même s'ils me mettaient sur la liste, je serai mort quand mon tour viendra. Du coup, il faut que j'en achète un. Je te file cinquante mille, Hank. Peut-être même soixante-quinze, voire plus – j'ai pensé à un truc – et je paye tous tes frais d'hôpital par-dessus le marché. Il faut juste voir si t'es du bon groupe sanguin. »
Hank Doll demande à réfléchir. Il ne peut oublier que Shelton lui a sauvé la vie quand ils étaient tous les deux policiers. « Et j’ai pris ma décision. J’allais me faire faire une prise de sang et si j’étais du groupe O, il aurait un de mes reins, le droit ou le gauche, celui qu’il voulait. Gratuitement. Sans les cinquante mille dollars De toute façon, où irait-il chercher une somme pareille ? »

Voilà un beau début, plein de bienveillance et d’amitié virile. Mais l’univers de Jonathan Ames n’est pas celui des Bisounours et tout va déraper, s’aggraver, se compliquer... Les coups de feu, les coups de couteau et les cadavres vont se multiplier au fil des chapitres.

Le premier, c’est celui de Shelton qui vient mourir dans les bras de Hank et pas à cause de son rein. Avec une balle dans la poitrine, il a réussi à venir jusque-là et lui murmurer quelques mots en lui donnant un carré de papier bleu replié : « Pour ma fille. Ça vaut bien plus que je pensais. Vends-le et donne-lui l’argent. » En dépliant le papier, Hank découvre un diamant carré d’environ un centimètre et demi de côté. Dans les poches de Shelton, il trouve trois choses intéressantes :
« Son pistolet. Un Glock 9 mm avec neuf balles dans le chargeur ; il en manquait une.
Une moitié de billet de train : un retour Carlsbad-Los Angeles daté du matin même.
Et un petit carnet bleu. »
Dans le carnet, « deux adresses : 550 Hill Street, suite 834, qui était dans le centre-ville, et 2803 Belden, qui se trouvait à un peu plus d'un kilomètre de chez moi. »

À partir de là, une chasse à l’homme commence. Qui a tué Shelton ? Pourquoi ? Est-ce en lien avec son histoire de rein ? D’où vient le diamant ? Vaut-il réellement les cinquante mille dollars offerts par Shelton ? Comment le vendre pour donner l’argent à sa fille ?

Hank ne va pas être tout à fait seul pour mener cette aventure. Il y a d’abord George, son chien, « moitié chihuahua et moitié je ne sais pas quoi terrier », qui ne le quitte pas d’une semelle et justifie les sorties de jour comme de nuit dans les rues de la ville. Et puis il y a Monica, avec qui il entretient une relation ambiguë, entre amour et amitié, qui va se trouver mêlée à cette trouble histoire sans l’avoir cherché.  Pas vraiment une équipe de choc.
Leurs mystérieux adversaires sont très déterminés et ne vont pas cesser de le prouver, surtout au fur et à mesure que Hank les découvre et les élimine.

Un bon roman noir, allégé par l’autodérision du narrateur qu’on suit avec plaisir (et un peu d’inquiétude) dans l’atmosphère glauque de certains quartiers de Los Angeles la nuit. Son ami Lou Shelton s’était embarqué dans une sacrée galère ! Pas facile pour Hank de régler la succession !

Serge Cabrol 
(29/01/24)    



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Noir & polar








Joëlle Losfeld

(Janvier 2024)
224 pages - 23 €


Traduction de l'anglais
(États-Unis)
Lazare Bitoun









Jonathan Ames,
né à New-York en 1964, est écrivain, journaliste, scénariste et comédien. Il a écrit six livres, une bande dessinée et plusieurs
séries télévisées


Bio-bibliographie sur
Wikipédia











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