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Richard WRIGHT

Haïku
Cet autre monde



Durant les derniers mois de sa vie, l’auteur de Black Boy, alors en exil volontaire à Paris depuis 1947, écrivit plusieurs milliers de haïkus. Il tenta, sans succès, d’en faire publier une sélection et ce n’est qu’en 1998, trente-huit ans après sa mort, qu’elle parut aux États-unis.
Aujourd’hui, La Table Ronde nous en propose une version bilingue et nous permet enfin de découvrir un aspect jusque-là ignoré de l’œuvre de Richard Wright, auteur noir américain profondément engagé dans la lutte contre le racisme et qui vécut en France les quinze dernières années de sa vie.
Dans une préface émouvante la fille de Richard Wright décrit la passion de son père pour ce genre poétique spécifique qui semble si loin de ses préoccupations littéraires et politiques, mais l’a peut-être aidé à surmonter des épreuves douloureuses.

On ne le voyait jamais sans sa collection de haïkus sous le bras. Il les écrivait n’importe où, à toute heure : alité […] ; dans des cafés ou des restaurants où il comptait les syllabes sur des serviettes ; à la campagne dans une résidence d’écrivains…

Pour le lecteur, amateur de haïkus, il montre, si nécessaire, à quel point ce genre populaire et en apparence facile, touche à l’universalité. Et à travers ces instantanés poétiques, on approche une intimité troublante, jusqu’à la gêne parfois et l’homme transparaît derrière le militant.

On sait à quel point il est difficile de traduire la poésie, d’autant plus les haïkus qui se caractérisent par leur forme brève, rigoureuse et contraignante. Plutôt que la traduction littérale, Patrick Blanche a choisi de respecter la forme du haïku sans trop souvent excéder les dix-sept syllabes, sachant que l’anglais permet des contractions particulièrement délicates à retranscrire en français.

A bloody knife blade
Is being licked by a cat
At hog-killing time.

La lame d’un couteau
Sanglant, léchée par un chat ;
On tue le cochon.

Richard Wright fait partie de ces auteurs dont on parle trop peu et qui risquent de tomber dans l’oubli. La publication de ce recueil est d’autant plus salutaire et nous permet de le redécouvrir.

Patricia Châtel 
(24/06/09)    



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Poésie









La Table Ronde

(avril 2009)
304 pages - 23 €


Traduction et postface
de
Patrick Blanche

Introduction de
Julia Wright





Richard Wright

(1908-1960)


Pour en savoir plus
sur Richard Wright
on peut consulter
un excellent article du
Monde Diplomatique.