Nour est une jeune fille solitaire qui aime se promener aux abords du fleuve dont les eaux sont "dangereuses, voire mortelles" comme indiquent les affiches placardées partout.
Cette occupation l'isole des autres habitants. Elle est sans doute la seule à aimer aller là-bas, sans doute aussi la seule à se poser des questions : "se poser des questions, ce n'est pas plus bête que de croire tout ce qu'on nous dit."

Dès les premières pages, le livre entrelace le récit à la première personne de la jeune fille avec des affiches et des extraits de journaux qui sont la voix du pouvoir en place. Cette astucieuse alternance place le lecteur dans une posture d'interprète. Il devine que, derrière l'apparente tranquillité des choses, une tension règne et que le mystérieux fleuve dissimule un secret sous ses brumes. Il suit alors avec inquiétude la prise de conscience de l'héroïne : "malgré moi, mon cerveau dessine ce qu'il y a derrière les brouillards, dans les marécages interdits. Peut-être des plantes étranges, des dinosaures survivants, des chats géants...ou d'autres choses encore plus effrayantes."

Un livre lumineux qui décrit les mécanismes d'une dictature et révèle comment un seul individu peut faire basculer tout l'édifice : "Une chose m'est arrivée, une chose toute nouvelle pour moi : cette sensation incroyable, pour la première fois, d'être sûre de quelque chose. L'eau du Fleuve n'était pas mortelle et j'allais avoir quinze ans bientôt. J'ai savouré ces deux idées longtemps et j'ai tendu les mains vers les petits reflets qui dansaient sur les murs."

Enora Bayec 
(14/07/11)