André GILL

Correspondance et mémoires
d'un caricaturiste


Edition et présentation de Bertrand Tillier


André Gill fut un citoyen très mobilisé par la Commune de Paris, ce qu'illustrent ses nombreux dessins dans la presse de l'époque mais également sa coopération dans l'action révolutionnaire. Certes, cette seconde activité fut plus limitée car la fantaisie naturelle de l'homme que Jean Richepin décrivit comme "le pamphlétaire du crayon" le poussait plus facilement aux expressions spontanées générées par son grand talent qu'à une participation planifiée dans la revendication.

Oubliant que Gill soutint la Commune avec une très grande et très notable efficacité, Jules Vallès le fustigea en écrivant : "Il ne voulut pas prendre parti, il repoussa tous les képis et se contenta de coiffer le bonnet de l'artiste." C'était bien sévère ! Certes, le jeune André passait volontiers une soirée dans un cabaret à l'instar de ses compagnons. Plaisir de jeunesse. Mais Vallès a jeté le voile d'une manière hâtive sur les activités de cet artiste qui, au-delà de ses qualités de peintre et d'homme de théâtre, fut un citoyen engagé et un charismatique caricaturiste au service de la Révolution de 1871. C'était aussi négliger le fait qu' André Gill fut nommé au comité révolutionnaire ayant pour but l'organisation de l'enseignement artistique ainsi que la réorganisation des musées. Et qu'il y siégea aux côtés de Courbet, Dalou, Corot, Daumier, Manet et Eugène Pottier comme l’indique le Journal officiel du 22 Avril 1871.

L'édition et la présentation du présent livre, dues à Bertrand Tillier, permettent donc une approche plus conforme à la réalité. Son autre mérite est de nous présenter une biographie sérieuse du caricaturiste accompagnée de deux éclairages infiniment révélateurs : les lettres et les mémoires.

Vous y puiserez le plaisir d'une lecture attachante et constaterez qu'au-delà de son influence mobilisatrice, l'artiste a vécu une conscience politique sans ambiguïté. De plus, il a apporté aux journaux, il y a plus de cent trente ans, un nouveau et indéniable souffle. En grande partie grâce à lui, le sens de la provocation nécessaire aux prises de conscience et l'art de la caricature sont devenus des critères de modernité et de liberté annonçant nos actuels Canard Enchaîné et Charlie Hebdo. Nous devons aux "ironographes" de ce siècle et notamment à André Gill cette audace dans le trait et cette liberté d'expression qui sont les caractéristiques d'une presse démocratique.

Claude Chanaud 
(28/10/06)    



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Editions Champ Vallon
409 pages, 27 €

www.champ-vallon.com



Vous pouvez lire sur notre site, dans la partie "Pour mémoire", un article concernant
André Gill


Bertrand Tillier a beaucoup écrit sur les artistes du XIXe siècle - Millet, Manet, Emile Gallé ("Le verrier dreyfusard") - et sur la caricature.