Gisèle PRASSINOS

La Mort de Socrate
et autres nouvelles



De très belles nouvelles qui tournent souvent autour du double, « Oui, tout va très bien maintenant. Bruits et silences me sont un même plaisir ou m'indiffèrent, c'est encore mieux. Lily et Baba sont jumelles, elles ne peuvent vivre, manger, travailler ou dormir l'une sans l'autre. Elles me l'ont dit honnêtement lorsqu'en dernière ressource je les ai convoquées. Elles ont la quarantaine, je les trouve belles et maternelles pareillement. À elles deux, elles sont une femme et son reflet dans le miroir », du dédoublement de la personnalité, de l’échange de rôle social entre deux personnages, l’un écrivain, l’autre mendiant, mais n’est-on pas en fait les deux à la fois – écrivain et mendiant –, de l’image que l’on peut donner de soi – la déchéance ou la folie –, de l’image de la mère morte qu’un fils a l’impression de reconnaître tout au long de sa vie, de la solitude qui pousse à chercher son pareil : « Nous sommes pareils », sourit Blanche, « il aime regarder. » Puis elle se rendit dans la cuisine pour préparer son dîner. Le sourire demeurait à l'intérieur. « Une sorte de frère », pensa-t-elle et cette fois, le sourire écarta ses lèvres. La clarté derrière la silhouette avait disparu quand elle revint à son poste. On ne voyait plus rien, il avait dû lui aussi aller prendre son repas du soir. »
L’écriture est toute en subtilité pour décrire la quête, l’absence, la solitude, le travail de l’imagination avec quelques touches d’humour et de fantastique.

Gisèle Prassinos est l’une des deux seules femmes à figurer dans l’Anthologie de l’humour noir d’André Breton. Elle a poursuivi une carrière de poète, d’écrivain et de plasticienne. Il est dommage qu’une bibliographie, même partielle, ne complète pas ce recueil où n’est mentionné qu’un seul ouvrage publié chez le même éditeur.

Brigitte Aubonnet 
(10/09/06)    



Retour
Sommaire
Lectures









HB Editions
142 pages
15 €