Alain BLANC, Cyclades, semences de mer


Cyclades, semences de mer constitue la troisième édition enrichie d’un recueil d’Alain Blanc paru en 1995. Ces poèmes sont accompagnés de calligraphies de Henri Renoux et d’encres de Christos Santamouris. Les îles y sont paysages, où se consume la lumière méditerranéenne mais aussi espace intérieur, lieu où s’inscrivent des questions essentielles. « Si lourd / que sur les dômes des églises / un peu d’azur s’en vient rebondir / S’allonge le pas siestent les chats / écrire se dérobe / il n’y a plus ni ombre ni cadran ». Dans le prisme des images propres à l’archipel se réfractent l’ampleur de notre histoire et ses confins qui logent dans le minéral, le végétal, l’eau… Plus de temps pour voiler le cœur des choses. Calciné par la lumière, il fait place à la clarté de marbres polis par les millénaires et un parfum d’éternité. « De la rocaille primitive / s’est élevée une parole / dans l’ordre de sa sève ». La rencontre avec les éléments scandée par l’intensité de la couleur donne à entendre ce que recouvrait la rumeur du monde. Les arbres eux-mêmes se tracent en interrogations restées ailleurs invisibles. « Questions, on dirait bien des galets translucides,/on dirait bien des nuées / de méduses en migration, d’impalpables feuilles / à peine accrochées aux oliviers toujours / clairs dans le crépuscule qui les éloigne. » Et dans cet archipel qui est chemin d’ascèse, on rejoint ce qui demeure énigme et comme tel ne peut donc se laisser saisir, juste effleurer. « Cette fixité des choses enracinées / avec un entêtement d’olivier / qui te fascine et t’échappe tout à la fois, / cet immuable, quelle formule / le consignerait d’une poigne de pierre ? » Le poète pressent ce qui est à la fois de l’ordre de la certitude et de l’élusif et les mots sont le seul recours face à ce qui se dérobe. « j’ai écrit en ce jour d’août tant de mots / sans suite, de peur que retourne / à l’abîme cette ligne qui affleure, / cette ligne d’accueil / que l’île dessine / à la place d’un horizon aboli. » Sensualité des calligraphies de Henri Renoux qui reprennent les vers dans la couleur et le mouvement, pureté des espaces ouverts par les encres de Christos Santamouris, ce magnifique recueil est aussi polyphonie.

Cécile Oumhani 



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Poésie










Editions Voix d'Encre
33 €