Ce n’est pas un roman. Ce ne sont pas des nouvelles. Ce n’est pas une autobiographie ni un poème mais c’est un mélange de tout cela. Ce sont des textes courts qui constituent des entités comme des nouvelles. Cela se lit et se lie comme un roman avec des échos de chapitre en chapitre. Jean-Michel Platier nous parle de lui tout en parlant des autres : « Ce n'est pas que je ne m'aime pas, c'est plutôt que je ne me supporte plus dans cette vie qui est la mienne ; mon corps, ça va, il est à peu près normal, presque ! Mais c'est son contenu qui m'ennuie, tous ces circuits, les douleurs et les maladies à venir. Le pire est dans la tête, ce que me font les autres, leurs pensées et leurs actes, leurs paroles mesquines et toujours méchantes, cela je le sais.
C'est peut-être pour cette raison que je suscite tant d'indifférence, que l'on ne me voit pas. Pourtant, avec deux mètres et cent trois kilos, je ne suis pas transparent...»

L’écriture est aussi poétique. Bref, le mélange est harmonieux et se déguste avec plaisir comme une sucrerie du passé et du présent. Jean-Michel Platier parle de lui avec humour et distance ce qui donne un ton vif et ironique pour évoquer les questionnements de la vie, de l’écriture, des souvenirs d’enfance, de son rapport à sa fille : « Le timbre de sa voix était clair, ses paroles riantes empreintes d'une joie pure. Heureuse ; oui, heureuse d'être en vie, heureuse d'avoir vécu cette journée d'un lundi ordinaire où elle s'était rendue à l'école. Je n'en suis toujours pas revenu deux heures après. J'en suis terriblement troublé, je dirais presque gêné. Ou envieux. Ne sachant résoudre l'équation, à savoir comment une fillette de huit ans peut démontrer à son père de quarante ans qu'il ne sait rien ou pas grand-chose de l'existence.. »

Brigitte Aubonnet 
(07/06/09)