Isabelle PINÇON

Je suis abstrait

Van Gogh



Isabelle Pinçon n’est pas une inconnue, elle a déjà bien d’autres recueils chez le même éditeur comme aussi chez Cheyne éditeur ou encore au Dé Bleu. Elle fut remarquée par le prix Kowalski en 1994, puis par le prix Snyder en 1995.

Elle nous présente avec ce livre une visite de la vie de Van Gogh à travers une interprétation des lettres entre son frère Théo et lui-même. Une interrogation permanente sur l’acte de créer et les misères de la condition humaine sont ainsi approchées en treize tableaux. On y retrouve l’écriture d’Isabelle Pinçon faite de petites phrases courtes tendrement cruelles. C’est vif, plein d’humanité dans les cassures syntaxiques.

Recommencer à vivre seul me fait horreur. Absolument horreur. Je suis devenu hésitant. Depuis que je vis machinalement. Je ne peux pas réfléchir à équilibrer ma vie. Je dois suivre une règle comme celle d’ici. Cependant je me sens tranquille. Ma santé va fort bien. Je peins actuellement dans le jardin public. Sans être beaucoup gêné. La simple curiosité des passants.

Je ne suis pas un martyre. Je ne suis pas de taille.


À d’autres moments, la question de peindre est très prégnante.

Je veux faire des dessins qui frappent.

La figure d’un bêcheur. Les sillons d’un champ fraîchement labouré. Un peu de sable. Un peu de ciel. Que c’est beau. Que c’est difficile à peindre. J’ai pris le pinceau. Je dois travailler ferme. J’ai un long retard à rattraper. Ce que je produis n’est pas encore ce que je veux produire.

Les grandes choses sont un enchaînement de petites choses. Qui constituent un tout. Un acte.

La réalité fait de la vie une énigme. Pourtant le soleil se lève.


L’ensemble est très prenant. Isabelle Pinçon a réussi à travers son écriture à nous faire ressentir quelque chose de Van Gogh. On a le sentiment, à la lecture, qu’il est bien là et qu’il nous parle. Que Vincent Van Gogh ait dit réellement ou pas ce qu’Isabelle Pinçon nous écrit, cela importe peu car l’art de cette poétesse est de nous faire croire que le peintre nous parle. Cela est réussi, on y croit. Merci à Isabelle Pinçon pour ce voyage chez Vincent Van Gogh. Le livre nous laisse après coup dans de longues traverses de la pensée.

Gibert Desmée 
(21/10/08)    



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Poésie











Ed. Le bruit des autres
120 pages, 12 €


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