Isabelle PANDAZOPOULOS

Kostas et Djamila



Les éditions L’escarbille ont une particularité qui les rend très sympathiques, c’est de consacrer une collection à des premiers romans choisis avec beaucoup de soin. Kostas et Djamila, dixième ouvrage de la collection, correspond bien au niveau d’exigence de l’éditeur.

Kostas est cordonnier à Sartrouville – ou plutôt artisan bottier, il ne répare pas, il fabrique – et il a 78 ans. Evidemment, pour le patron, ce n’est plus un âge pour travailler. Et voilà Kostas mis d’office à la retraite.
« Il s’est retrouvé dehors, un peu abasourdi, fouillant dans ses poches avec cette impression bizarre d’avoir oublié quelque chose, comme ces matins où traînent encore dans l’air des bouts de sommeil ou de cauchemar qui ont creusé du vide à l’intérieur de soi. »
Et ce vide en rejoint d’autres. Ses enfants ne le comprennent pas ; sa femme, Hélèni, qui aimait tant Paris qu’elle ne lui a jamais pardonné Sartrouville, ce « sale trou de ville » comme elle l’appelait, est morte avant lui ; sa famille est restée en Grèce... Kostas est seul.

Dans un square, il rencontre une jeune fille, Djamila, serveuse dans un bistrot tout proche. Kostas s’attache à elle malgré ses rebuffades et un caractère très entier. Quand elle se fait virer par le patron du bistrot, elle se retrouve comme lui, seule, avec beaucoup de vide autour.

Djamila est algérienne mais n’en dira pas plus. Kostas est grec mais grec de Turquie. « Avant, avant la guerre et la Grande Catastrophe, i megali catastrophi, en 1922, ils vivaient ensemble, les Grecs, les Turcs, les Arméniens et les Juifs. En paix. Et puis, un jour, la paix s’arrête, lui, il sait pas comment, il sait pas pourquoi, il a quinze ans. » Les Grecs de Turquie, les Romios, ont fui leur terre natale, vers Thessalonique, vers Athènes ou ailleurs. Kostas s’est retrouvé en France…

Et maintenant, Kostas voudrait revoir sa sœur, là-bas, à Thessalonique…
Le roman nous raconte le voyage de ce couple improbable, le vieux Grec et la jeune Arabe, sur la route des origines. Les retrouvailles avec le passé ne sont pas toujours simples…
L’écriture tient ses promesses jusqu’à la dernière page. Un excellent premier roman.

Serge Cabrol 
(08/08/06)    



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Editions L'escarbille
160 pages
13,20 €








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