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Véronique OVALDÉ


Des vies d'oiseaux



Gustavo et Vida Izarra habitent à Villanueva sur la Colline Dollars. Vida vient d'Irigoy, une ville pauvre qu'elle a quasiment effacée de sa vie. Gustavo l'a enlevée, autrefois comme un prince charmant. Maintenant, il est riche et il reçoit du beau monde. Elle, en vraie poupée, se pare pour accueillir les invités alors que ce qu'elle voudrait, dans sa belle robe, c'est "se glisser dans le jardin et disparaître entre les pierres et les agaves", si bien que "personne ne soupçonnerait jamais qu'une femme est cachée là dans de longs voiles verts".
Souvent, elle pense à ce que dirait Paloma, leur très belle fille, qui a disparu.

Un hiver, alors qu'elle rentre de villégiature avec son mari, elle découvre que quelqu'un s'est introduit dans leur maison et a dormi dans leur lit. "Des jeunes, sans doute" pense-t-elle et elle appelle un lieutenant de police pour lui en parler. Lui, il s'appelle Taïbo et il pense que ce pourrait être des vieux... Ainsi débute l'histoire de ces oiseaux-là.

Les personnages, à mi-chemin du réel et de la fantaisie, fonctionnent comme des miroirs de nos propres quêtes. On suit leurs interrogations et leurs aspirations jusqu'à ce qu'ils se découvrent eux-mêmes à travers une rencontre qui les libère : "elle était dans une si grande confusion que, lorsqu'une bestiole a gratté au volet, elle a cru qu'un jeune dragon voulait entrer dans la chambre. Elle s'est assoupie mais s'est presque aussitôt réveillée, elle a ouvert la fenêtre pour faire entrer le jeune dragon et il n'y avait que la nuit irigoyenne, si étoilée qu'elle en paraissait laiteuse, un liquide noir s'écoulant de ses blessures".

Le lecteur se laisse emporter par la plume légère de Véronique Ovaldé, véritable conteuse, qui explore les liens d'amour et de filiation. Elle fait un usage tout particulier des tirets et des parenthèses comme s'ils ouvraient un autre monde, celui des rêves et de la réalité cachée, comme si l'essentiel se déroulait dans ces interstices, ces à-côtés de la vie : "elle a entendu le lieutenant attendre à l'autre bout du fil, elle serait bien restée à l'écouter respirer et fumer sa cigarette (ce si ténu crépitement du papier qui arrive à passer sur les ondes) mais il a fini par deviner qu'elle était là".
Un très beau livre à découvrir.

Enora Bayec 
(05/09/11)    



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Lectures









Editions de l'Olivier

218 pages - 18 €





Véronique Ovaldé,
a déjà publié sept romans.Ce que je sais de Vera Candida a obtenu le prix Renaudot des Lycéens, le prix France Télévisions 2009 et le Grand prix des lectrices de ELLE 2010.