Retour à l'accueil





Jérôme NOIREZ

Fleurs de dragon



Japon, 1489. Officier de justice, Ryôsaku se voit confier par le shôgun la mission de poursuivre de mystérieux criminels qui traversent une partie du pays en laissant derrière eux des cadavres de samouraïs. Pour accomplir sa tâche, Ryôsaku sera aidé de trois jeunes samouraïs d’une quinzaine d’années, Kaoru, jeune coq et peureux ; Keiji, adolescent tourmenté ayant déjà tenté de se faire seppuku ; Sôzô, joueur de biwa qui rêve de devenir compositeur. Dans un pays sombrant dans la guerre civile, en compagnie de trois adolescents maîtrisant l’art du sabre, mais hantés par un passé douloureux, Ryôsaku traque sans merci ces tueurs insaisissables. Intrigue policière et roman d’apprentissage, Fleurs de dragon entraîne le lecteur dans un monde mouvant, peuplé de moines aveugles, d’un monstre légendaire et de fillettes se prenant pour des ninjas, un monde sombre où est enfoui un terrifiant secret…

(Présentation de l’éditeur)

Voilà une lecture tout à fait passionnante pour de jeunes lecteurs et de multiples raisons de s’y plonger.

Tout d’abord cette improbable équipe constituée par le shôgun. L’officier se voit confier à la fois une enquête difficile et la surveillance de trois jeunes samouraïs peu conventionnels. Les relations entre ces quatre personnages constituent déjà une aventure en soi. Leur cohabitation et leur efficacité ne sont pas gagnées d’avance. Ryôsaku leur flanque bien de temps en temps un petit coup de maillet sur la tête mais ça ne suffit pas à les empêcher de se livrer à toutes sortes de désordres : jalousies, rivalités, bagarres, ivresse, disparitions…
D’ailleurs, ce n’est pas un maillet, précise l’officier à Kaoru, mais un Kami, c’est-à-dire un esprit, une divinité dans la religion shinto.
– Ne sais-tu pas, poursuit Ryôsaku que les kamis prennent parfois l'apparence d'un objet aussi banal qu'une ombrelle, qu'une théière, qu'une sandale... ou qu'un maillet... Ce maillet est le kami de mon arrière-grand-père et c'était un homme fort bon qui possédait en lui toutes les vertus du shintô : la droiture, l'honnêteté, l'harmonie, la pureté du cœur. Alors, en vous tapant sur le crâne, j'espère y faire entrer un peu de la sagesse de mon aïeul.
Le maillet ne sera pas le seul moyen employé pour que les débuts chaotiques de nos trois rebelles, malgré tout sympathiques et attachants, se transforment en parcours initiatique pour constituer une équipe qui gagne.

Ensuite, il y a l’enquête. Dès le prologue, on assiste à l’assassinat d’un samouraï par neuf moines aveugles. On apprend plus tard que la mortelle série s’est poursuivie. Pourquoi des samouraïs sont-ils assassinés ? Qui sont les moines aveugles ? Où se cachent-ils ? Y aura-t-il d’autres meurtres ? Ryôsaku et ses trois « aides » parviendront-ils à trouver les meurtriers et interrompre l’hécatombe ? Suspense… Comme le fera Sherlock Holmes quelques siècles plus tard, Ryôsaku est à l’affût de tous les indices : un bachi (qui sert à gratter les cordes d’un instrument de musique), une paille de riz (qui vient d’une corde sacrée, le shimenawa)…

Enfin, il y a l’univers dans lequel se déroule le roman, le Japon du 15e siècle – avec son organisation sociale, ses traditions, ses légendes – qui est omniprésent, très bien décrit et mis en scène par Jérôme Noirez. Les régions que traversent nos héros (montagnes, forêts), les gens qu’ils rencontrent, leurs rêves et leurs cauchemars, tout contribue à créer une atmosphère à la fois inquiétante et passionnante.

A tout cela, on peut ajouter que l’écriture vive et pleine d’humour rend aussi la lecture de ce roman très agréable. On est dans la comédie autant que dans la tragédie et les jeunes lecteurs peuvent s’y engager sans appréhension. Ils auront peur parfois mais ils souriront souvent et ils porteront vite un regard amusé sur cette fine équipe de personnalités aussi diverses que complémentaires.

Des annexes, en fin de volume, complètent notre connaissance de cette période en apportant des détails sur le conflit entre clans qui a déchiré Kyoto pendant 70 ans, sur la façon dont on nommait les heures et sur les armes utilisées par les samouraïs.

Un ouvrage palpitant et bien documenté qui ouvre une nouvelle collection. A suivre...

Serge Cabrol 
(05/06/08)    



Retour au
sommaire
Jeunesse








Editions Gulf Stream
Collection Courants Noirs

288 pages - 13,50 €






Jérôme Noirez,
musicien et écrivain, a publié quatre romans pour les adultes. Sa trilogie de fantasy, Féérie pour les ténèbres a été nominée au Grand Prix de l’imaginaire, au prix Imaginales et au prix Merlin. Leçons du monde fluctuant, son dernier roman, a reçu le prix Bob Morane 2008.

Pour visiter
le site de l'auteur :
http://pagesperso-
orange.fr/cocalos




Courants Noirs, une nouvelle collection dirigée par Thierry Lefèvre

"La collection Courants Noirs a pour ambition de publier des romans policiers historiques pour la jeunesse. Toutes les figures du roman policier y trouveront leur place : roman d'énigme, roman noir, suspense, thriller et espionnage. Du néolithique à la Seconde Guerre mondiale, c'est un large cadre historique qui lui est dévolu. Et, des conflits armés aux révolutions industrielles, des bouleversements sociaux aux corporatismes, en passant par le colonialisme, l'esclavage, les religions, les sciences ou les arts... tout ce qui fonde une société en tissera la trame."