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Isabelle BOISTARD NAUTRE


Le Pays dans le Ventre du Serpent



Isabelle Boistard Nautre a séjourné au Bénin. Elle a écouté ce que lui racontaient les Béninois sur l'origine des noms. Elle a repris différentes versions entendues pour nous rappeler, en quatre contes, l'histoire de ce pays. Nous voyageons ainsi de Cotonou à Ganvié en passant par Abomey en revisitant l'origine du mot Dahomey, ancien nom du Bénin, et en retrouvant l'histoire dramatique des débuts de l'esclavage et de la déportation de tant de Béninois embarqués à Ouidah.

Les contes sont très bien écrits et nous sommes très vite embarqués aux côtés des différents personnages.

Les illustrations d'Evelyne Nouaille, couleur orangé de la terre béninoise, sont très douces chargées de soleil, de vent, de mer et s'intègrent délicatement au milieu du texte comme de petites fenêtres ouvertes sur le Bénin.

Cotonou, capitale économique du Bénin, la capitale politique étant Porto Novo, porte ce nom qui vient du fon, langue parlée dans cette ville, Kou to nou…

Aligbonon, fille d'un roi issu d'une dynastie du Togo, les Adja, va être confrontée à un léopard… Le conte parle de l'origine de la fondation de la cité royale d'Abomey, située au Nord de Cotonou.
"La cité d'Abomey, entourée de remparts, a des maisons aux murs rouges que ses ennemis disent pétris de sang humain. A l'intérieur des murailles ornées de bas-reliefs polychromes, vivent les épouses, les serviteurs du roi et les courtisans. A chaque nouveau roi, un nouveau palais, un nouvel adage, de nouvelles histoires, chantées par les griots." Ce conte nous explique la création du Dahomey.

Le dernier conte, Le village invisible, nous parle de Zinsou et Sagbo deux jumeaux dont l'un, Zinsou, va être capturé pour être embarqué vers les terres d'esclavage : " Zinsou ne saurait rien dire sur le long chemin qu'il a accompli pour aller de cette clairière jusqu'à Ouidah, la ville des sorciers, la ville aux murs jaunes, étape ultime d'un long voyage à pied. Ses traits se sont altérés sous le poids du chagrin et de la fatigue. Il a marché, marché, vu mourir certains de ses amis et la longue file s'est allongée jour après jour de nombreux visages inconnus. Il a pleuré les tentatives d'évasion avortées et les cadavres abandonnés au bord des routes. Combien sont-ils à marcher ainsi sur ce chemin ? Il l'ignore.
Marcher, trébucher, se relever en évitant le fouet, dormir à même le sol, grappiller quelques morceaux de viande dans une calebasse posée le soir sur la terre. Et surtout, ne plus pouvoir tendre la main vers la chair juteuse d'une mangue. Zinsou ose à peine lever les yeux vers ses anciens camarades : leurs regards sont vides, le désespoir musèle leurs lèvres
."
Ouidah est une ville ouverte sur la mer qui a mené à l'enfer tant de Béninois. "La porte du non retour", monument érigé sur la plage, témoigne de ce moment dramatique de l'histoire du Bénin.
Pour se sauver, les habitants du village qui n'ont pas été capturés vont parvenir dans leur fuite jusqu'à une petite île où ils vont créer une cité lacustre, Ganvié.

Isabelle Boistard Nautre a très bien relaté ces contes du Bénin qui évoquent l'origine des noms des villes et parlent de l'histoire de ce pays si accueillant qui a traversé de nombreuses épreuves.

Brigitte Aubonnet 
(24/05/12)    



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Jeunesse







Le Jardin d'Essai

(Janvier 2012)
Format 24 cm x 16 cm
64 pages - 18 €




illustrations
Evelyne Nouaille