« Dans une boîte à chaussures, j'ai retrouvé des lettres. Une correspondance entre Frangin (dix-neuf ans) et Frérot (onze ans), étalée sur la presque totalité d'un mois de janvier. Toutes n'étaient pas datées ; certaines étaient conservées dans leur enveloppe, avec timbre et cachet ; d'autres, non. Aujourd'hui publiées, ces lettres sont restituées dans leur quasi-intégralité, seule l'orthographe parfois fantaisiste a été rectifiée. J'étais l'un des deux mômes. Mes souvenirs m'ont aidé à respecter l'ordre chronologique. »

Après ce préambule de l’auteur, nous entrons dans la correspondance entre les deux frères. Frérot, à l’encre bleue, raconte tous les plaisirs de sa classe de neige près du Mont-Blanc, dans un grand chalet qu’il surnomme l’hôtel Zinzin.
Frangin, incarcéré pour de multiples vols de voitures, décrit, à l’encre noire, sa cellule de l’hôtel Zonzon et la cohabitation toujours délicate de trois codétenus dans douze mètres carrés.

Beaucoup de tendresse et d’humour rendent très attachant cet échange épistolaire de quelques semaines entre deux frères.
Frérot raconte toutes ses bêtises et rêve de voir arriver son aîné pour partager avec lui les joies du ski. « Dépêche-toi de me rejoindre ! Je sais que tu peux pas, je dis ça comme ça, pour rigoler, ce serait chouette si tu déboulais, je te transformerais en bonhomme de neige ! »
Frangin rappelle à son petit frère que rien ne vaut la liberté et qu’il attend son procès avec impatience et inquiétude. « Pourvu que les juges ne soient pas trop vaches. Chourer des bagnoles, c’est un délit, je le reconnais, et juré, craché, je ne recommencerai pas, mais est-ce que ça mérite des années à l’hôtel Zonzon ? »

Chaque page de l’album est illustrée par Tardi dont les dessins alternent les couleurs vives des joyeuses aventures de Frérot avec la grisaille de l’univers carcéral de Frangin. Un livre superbe et émouvant, à regarder, à lire et à offrir. A partir de dix ans, il y a matière à s’amuser et à réfléchir, un double plaisir à ne pas manquer !

Serge Cabrol