Petit bêtisier féerique

Les enchanteurs farceurs (à moins que ce ne soit l’inverse !) sont de retour ! Après avoir semé sous nos moquettes et dans nos jardins des lutins agressifs (voir Lutins en milieu urbain), ils grignotent nos racines les plus ancestrales et bouleversent la tendresse de nos souvenirs d’enfance en s’attaquant aux merveilleusement sacrés contes de fées, ceux qu’on psychanalyse dans les bouquins sérieux et met en pièces à la fête de l’école.

Tout se joue au fil des pages d’un petit carnet violet illustré de succulentes images sépia, qu’on offrirait les yeux fermés à sa progéniture. Et puis on y regarde de plus près : le Merlin sur la couverture a l’air un peu parti de la citrouille, la note de l’éditeur parle de malédiction, les jolis textes rimés varient quelque peu de l’original et délivrent une morale bien impertinente.

Voyons un peu : les sept nains sont huit, Cendrillon s’est recyclée, les sorcières sont pleines de charmes (si, si !), Poucet picole, le loup et Barbe-bleue sont innocents, la Belle-au-Bois ronfle et Merlin s’évade de son enclos magique un jour de classe verte à Bezun-sur-Yvette.

Et non contents de falsifier nos contes, les auteurs nous embrouillent avec le carnet d’adresses de célébrités plutôt difficiles à joindre et un article de L’Hebdo des Garennes relatant une bien étrange affaire.

Heureusement, afin de remettre en place idées troubles et zygomatiques coincés, on gratifie le lecteur d’un petit questionnaire auquel il peut répondre, ou pas. Si malgré nos avertissements ce livre est déjà en votre possession, planquez-le sous l’oreiller et sortez-le la nuit à l’abri des regards enfantins. Il serait trop dommage que ce concentré d’érudition et d’humour jovial tombe dans de trop innocentes mains.

Patricia Châtel 



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Jeunesse


Renaud Marhic
ill. David Roussel
Petit bêtisier féerique

AK Editions
64 pages, 9 €

Pour petits et grands plaisantins