Léo LAMARCHE

Sale temps pour vivre


Des nouvelles d’une violence dérangeante et salutaire, voilà ce que nous propose Léo Lamarche dans son recueil. La fiction est terrible mais la réalité l’est parfois au quotidien pour certains enfants et adultes. L’horreur de la certitude d’être battu, d’être confronté à l’alcoolisme des êtres aimés côtoie l’espoir de trouver le moyen de s’en sortir à tout prix. La souffrance extrême qui mène à la folie de l’irréparable voilà ce que nous propose Léo Lamarche. Nous frissonnons mais malheureusement l’être humain peut être emporté jusqu’à ces rives terribles de l’inadmissible.

L’autiste recroquevillé dans les toilettes, le père fou de douleur après la mort d’un enfant, la jeune fille anorexique… vont au bout du possible car ils sont à bout. Un médecin veut à tout prix photographier un psychotique pour réaliser la couverture du livre qu’il a écrit sur le sujet.
Un autre enfant témoin de la scène décrit ce moment avec ses mots :
« tintin, lui, il s'assied sous le tableau et il bave. paraît que c'est son saint ptôme. je veux bien. mais il aurait pu choisir autre chose. s'arracher les cheveux ou se bouffer les doigts. enfin, ce que j'en dis, moi... je l'aime bien, tintin, il ne fait pas de problème, il ne tape sur personne, il ne hurle pas. juste sa bave qui est dégueulasse. des fois, ça fait des bulles et ça lui donne l'air con. des fois, de longs fils le relient au sol. ça s'étale et ça tache tout par terre. et qui c'est qui nettoie ? sûrement pas l'autre, qui pendouille au mur, bien cloué sur sa croix. mais moi. »

Les soignants s’approchent aussi de l’absurde dans leur confrontation quotidienne au handicap : « il veut une photo réussie, pour la couverture de son livre, plein de pages écrit tout petit et sans images. un titre que j'ai mis du temps à apprendre : la résolution conitive de l'eudip dans les psikose dissociativ complex. j'y comprends rien, mais il paraît que c'est ce qu'il a, tintin. pas étonnant qu'il bave.
le docteur veut sa tête pour la couverture. mais tintin, lui, n'est pas franchement d'accord. Il s'agite.
je lui dis de pas bouger, ça fait pas mal et ça dure pas longtemps, mon tintin, tu verras, juste quelques secondes... 
»

L’écriture est redoutable sans aucune fioriture ni concession. C’est la douleur des êtres qui parle sans masque et sans hypocrisie.
Un livre à lire absolument mais à ne pas mettre entre toutes les mains sans accompagnement.
La littérature a aussi ce rôle à jouer.

Brigitte Aubonnet 
(15/03/09)    



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Les 400 coups

136 pages - 10 €








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