Jake LAMAR, Nous avions un rêve


« Nous avions un rêve » met en scène les relations difficiles entre Noirs et Blancs, relations inévitables quand on vit dans le même pays mais rendues conflictuelles par l’histoire des deux communautés, dont l’une a été esclave de l’autre. Qu’en est-il aujourd’hui des mariages mixtes ? Est-ce la même chose pour un Blanc d’aimer une Noire que pour un Noir d’aimer une Blanche ? Et les enfants de ces couples, comment se situent-ils ? Ce sont toutes ces questions qui sont au cœur du roman.

Melvin Hutchinson, attorney général, c’est-à-dire ministre de la justice, pourrait bien devenir le premier vice-président noir des Etats-Unis car Evin Ewell, victime d’une attaque cérébrale, n’est plus en état d’occuper ses fonctions.
Surnommé Hutch la Potence, Melvin Hutchinson est inflexible sur le respect de la loi et défend une sévérité exemplaire contre les fauteurs de troubles. A la fin de tous ses discours, le public, qu’il soit noir ou blanc, scande le même slogan : « Pends-les Hutch ! Haut et court ! »

Au fil du roman, nous rencontrons d’autres personnages, plus ou moins liés à Hutch, des personnages qui se croisent à un moment de leur vie, et nous découvrons des bribes de leurs existences, leurs aspirations professionnelles et leurs amours toujours compliquées par le désir ou le rejet des relations interraciales. « Seth était fasciné par les Noirs depuis l’enfance, et, même s’il n’avait jamais ouvertement interrogé Emma à ce sujet, il avait toujours voulu savoir ce que pouvait signifier pour elle le fait d’être noire. Soudain, il retourna la question : Que signifie pour moi le fait d’être blanc ? »

Outre les relations dans les couples, ce sont aussi les relations entre les enfants et les parents ou les beaux-parents qui sont difficiles ou conflictuelles.
« Comment aurait-elle pu prévoir qu’après avoir donné à son fils l’amour et l’attention qu’elle n’avait jamais reçus elle-même, ce dernier finirait pas la détester ? Comment aurait-elle pu prévoir, même avec une putain de boule de cristal, dans un monde qui, à une époque, avait enfin semblé devenir plus tolérant, plus ouvert au partage, plus mélangé d’un point de vue racial qu’à aucun autre moment de son histoire, que son propre fils allait la haïr parce qu’elle était blanche ? »

En alternance avec les chapitres consacrés aux divers couples périphériques, nous suivons Melvin Hutchinson dans ses activités d’attorney général : déplacements, meetings, discours…
Pour lui aussi, certaines choses sont un peu compliquées. Il a hérité de son père un alcoolisme ancré dans l’enfance (il fraternise dès le matin avec sa bouteille de whisky) et un revolver qu’il garde à portée de main au cas où il lui prendrait l’idée de se tirer une balle dans la tête. Il faut dire qu’il a vécu une épreuve douloureuse avec la mort de sa fille et qu’il expie une faute ancienne dont on ne connaîtra le secret que tard dans le livre.

Un jour, c’est sa ville natale qui lui rend hommage et il visite un des Centres de Rééducation des Toxicomanes qu’il a créés et qu’il soutient. Il y découvre des choses qu’il n’avait pas programmées… « Nous avions un rêve » dit le titre en référence à Luther King mais le rêve de Melvin Hutchinson tourne au cauchemar…

Publié en 1996 aux Etats-Unis, Nous avions un rêve est le premier roman écrit par Jake Lamar. En France, il succède au Caméléon noir (écrit en 2001 et publié en 2003 chez Rivages / Noir). Deux livres passionnants, romans politiques et romans à suspense, un auteur à découvrir et à suivre...

Serge Cabrol 



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Noir & polar







Rivages Thriller, 2005
368 pages
21 €








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www.payot-rivages.fr







Rivages Noir, 2003
(format poche)
360 pages
10,40 €