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Fabienne JACOB

Corps



« Le corps est la dernière chose qui nous reste. Le corps est la première et la dernière chose, de la naissance à la mort on a le même. »
Ce roman parle du corps, des corps avec beaucoup de respect et de profondeur. Dans l’intérieur des corps, il y a les êtres. Les corps cachent parfois ce que sont vraiment les personnes, ils dissimulent ou laissent voir.

Dans la cabine de l’institut de beauté, les femmes se déshabillent. Elles livrent leur peau et parfois se mettent à nu en révélant des secrets dont elles ne parlent nulle part ailleurs.
Monika écoute les femmes, elle regarde leurs corps, les manipule et cherche leur vérité :
« A force de voir passer des corps de femmes je développe des dons, j’échafaude des théories. Ma science est au bout de mes doigts. Je peux, par exemple, mesurer le taux d’humidité des corps. […] Une femme est belle quand elle est dans la vérité de son corps […] La vérité du corps est une coïncidence entre les années et la matière de la chair, entre l’extérieur et l’intérieur. »

Monika côtoie les corps et dénonce les artifices : les poitrines refaites, le maquillage inutile, les rides effacées. Dans un monde où l’apparence remplace parfois l’essence, Fabienne Jacob resitue l’essentiel de l’être en dénonçant le paraître.
Son personnage perçoit le ressenti des êtres dans la transparence de certaines peau comme celle de la bouchère derrière son comptoir.

L’enfance remonte et les souvenirs aussi : « Les femmes sortent des petites filles qu’elles ont été. » Quand elles étaient jeunes, Monika et sa sœur Else cherchaient le secret des corps dans la chambre de leurs parents.

La vie a cheminé dans le corps de sa mère où la maladie a creusé son sillon pour dévorer la chair : « Comme ma mère ne quittait plus le lit depuis un an, elle n’avait sans doute rien de plus à dire que le paysage immuable de la chambre. Seuls les yeux étaient intenses. Ils avaient pris plus de place, ils étaient devenus plus bleus, plus souvent fixes. Derrière il y avait quelqu’un d’autre, une nouvelle femme, une femme plus dense, plus concentrée, resserrée sur une matière plus rare. Approcher cette femme, c’était accepter l’inquiétude. »

L’exploration des corps nous emmène dans un voyage étonnant porté par une écriture sans artifice qui renforce le propos. Le deuxième chapitre commence superbement. Il aurait pu ouvrir le roman et nous plonger d’emblée dans le thème de ce livre abordé avec un zoom parfaitement réglé pour révéler ce que l’on ne perçoit pas toujours au premier regard.

Brigitte Aubonnet 
(26/08/10)    



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