Michel HOST

L'amazone boréale



Les six nouvelles de ce recueil constituent un ensemble cohérent et passionnant.
Malgré leur diversité, de lieux ou d’époques, elles ont beaucoup de points communs et contribuent toutes à cette atmosphère fantastique, onirique, magique (et érudite) qui nous accompagne au fil des pages. Partout, le narrateur est un homme (écrivain, libraire, notaire, lettré chinois ou officier du chiffre) confronté à des rencontres avec des femmes ou des livres, souvent les deux, et l’histoire se métamorphose peu à peu en une aventure hors du commun.

Dans Tarcisio et moi, un romancier - célibataire frisant la cinquantaine - revenant d’un voyage en Australie est frappé par la similitude entre sa propre situation et celle décrite par Alberto Moravia dans la première nouvelle des Raconti d’amore, intitulée Retour de vacances, qu’il lisait dans l’avion. Comme le valet de Tarcisio chez Moravia, Violaine, la jeune fille norvégienne qui fait un peu de ménage chez le narrateur, n’attendait pas si tôt le retour du propriétaire et s’apprête à passer un agréable moment avec un gentil garçon… Que faire dans cette situation ?

L’amazone boréale, à la fois titre de la deuxième nouvelle et du recueil, est un drôle d’oiseau. Xavier, un libraire d’une soixantaine d’années, cache à tout le monde le secret d’une existence douloureuse. Son épouse, si belle et amoureuse au moment de leur mariage, est devenue pachydermique, alcoolique et acariâtre après avoir découvert l’infidélité de son mari. Le libraire subit sa punition en silence, pour expier ses fautes, jusqu’au jour où il rencontre, dans une cage du Jardin des Plantes, l’être ailé et emplumé le plus étrange du monde, une amazone boréale, un perroquet de grande taille dont le plumage est d’une blancheur immaculée. Ses longues pattes et son bec sont d’un bleu de vitrail qui pâlit en hiver et se ravive au printemps. Cette rencontre va changer la vie du libraire et une relation étonnante va se nouer entre l’homme et le bel animal…

Les merveilles de l’Egypte se situent résolument dans le courant de la nouvelle fiction avec ce qu’il faut de magie, de référence aux grands mythes et de réflexion sur le passage vers un « ailleurs » dont on ne doit pas espérer revenir.
Ici, le narrateur est aussi un écrivain qui va faire une surprenante rencontre. De passage à Cherbourg pour mener des ateliers d’écriture, notre auteur aimerait s’encanailler un peu le soir, mais une virée vers le port ne donne pas les résultats escomptés. C’est dans une église qu’une femme merveilleuse (au sens des contes de fées) va lui offrir le plaisir qu’il recherche. Mais tout cela a un prix. La belle dame ne donne pas ses faveurs sans condition, il en cuira au narrateur s’il l’oublie !

Pure voltige, puis, sur une feuille, ouvert nous emmène en Chine ou nous suivons Cang Jie, un vieux lettré, dans sa quête d’une « vérité hors des livres qu’il a déjà lus ». Il chemine dans la montagne et rencontre Dame Men’Kiang puis Maître Houang-ho qui ne peuvent pas l’aider puisqu’il connaît déjà tous les livres qu’ils ont lus. Par contre, dans le palais de Lou-K’iang, dite « Splendeur des Nuages », les choses vont se passer différemment. Il arrive au terme du voyage…

Dans Tombeau pour un peintre, le narrateur, un notaire, cherche à comprendre comment Giancarlo Sprizzi a pu disparaître corps et âme sans laisser la moindre trace. Dépositaire, de par sa fonction, d’un carnet retrouvé par les gendarmes, notre enquêteur va chercher dans ces pages et dans la dernière toile laissée par l’artiste la solution de cette énigme…

La dernière nouvelle, Les quatre Pierres, nous conduit à Prague sur les traces d’un officier du chiffre qui a rencontré Alexia, une jolie mais fuyante jeune fille. Lorsqu’elle disparaît au cours d’une soirée, il la recherche, la retrouve s’offrant en spectacle dans un cabaret et accepte de l’aider à décrypter le sens caché d’un vieux livre dont dépend l’avenir d’Alexia et de ses sœurs.

Un ensemble aussi divers que passionnant qui séduira les lecteurs curieux, amateurs d’énigmes, de rêves et de belle écriture.

Serge Cabrol 
(29/04/08)    



Retour
Sommaire
Lectures











Le grand miroir

180 pages - 15 €








Vous pouvez lire
sur notre site

un entretien avec
Michel Host


et un article
concernant

Poème
d'Hiroshima