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Gérard GLATT


Une poupée dans un fauteuil



Le livre d’un auteur sur sa mère, un de plus, voilà ce que le narrateur veut éviter. Il a bien commencé un récit mais au bout de dix-sept pages il s’est arrêté net. « Ces anecdotes mises bout à bout m’avaient rappelé d’autres écrits ». Annie Ernaux, Richard Ford, Albert Cohen, Maxime Gorki, Roger Grenier, Hervé Bazin… « Qu’allais-je faire au milieu de tous ces chefs-d’œuvre ? ». Lui, est auteur de théâtre, pas romancier. Il écrit habituellement des comédies comme La cocotte en papier, Le délire des folles, Chou blanc, Omelettes aux truffes… C’est donc sur la scène du théâtre qu’il doit évoquer sa mère, comme une poupée dans un fauteuil…

Le narrateur, en pleine réflexion sur sa création, s’adresse au lecteur comme le comédien s’adresse au public, ce qui donne une étrange tonalité à ce livre dont on ne sait plus trop s’il s’agit d’un roman, d’un récit, d’un monologue, de notes de scénographie…C’est une mise en abyme à plusieurs niveaux. Gérard Glatt écrit le roman d’un auteur qui écrit sur sa mère qui a elle-même écrit « un livre plein d’amour », le livre de Valentine…

Ce roman alterne à la fois les recherches du narrateur et le récit des derniers moments de la vie de sa mère. A quatre-vingt neuf ans, Valentine considérait qu’il était temps de partir. « Tu peux me dire, toi, ce que je fais encore ici ? » Une chute dans la rue vient rompre le fragile équilibre de cette vie solitaire. Le narrateur cherche pour sa mère une aide ménagère. Après une première réaction raciste (« surtout pas une Noire »), Valentine accepte la venue de Léonie mais la rallie à sa cause. « Foutez-lui la paix ! La vieille ne demande que ça, que vous la laissiez finir tranquille… » L’autre solution, c’est le placement à l’hôpital…

Ce qui constitue l’originalité de ce court roman, c’est sa construction, sa tonalité, cette façon d’évoquer sa mère dans une recherche de mise en scène et d’écriture théâtrale. Ce livre n’est donc pas seulement le énième livre d’un écrivain sur sa mère, il est à la fois cela et plus que cela, un livre sur l’écriture et les processus de création, avec une bonne dose d’humour pour atténuer le tragique des émotions ressenties pas un fils dans les derniers instants de la vie de sa mère…

Serge Cabrol 
(14/03/09)    



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Editions Orizons

108 pages - 11 €





Gérard Glatt,
né en 1944, a publié un premier roman chez Calmann-Lévy en 1977. Directeur d'une société de marketing direct par internet, il est également psychanalyste.