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Pascal GIBOURG

Rêve d'épingles



Un homme écrit des lettres à celle qu’il aime. Il découvre des sensations nouvelles tout en se découvrant : « Je grelotte, je transpire. J'enrage de me sentir petit. Au fond, je voudrais l'être encore plus et disparaître dans les interstices du plancher. J'ai des souhaits étranges te diras-tu, mais ne te rassure pas en te disant que je suis dérangé. Je me sens parfaitement moi-même, pour dire la vérité j'ai même le sentiment de me découvrir plus complètement, je me sens nu et traversé de sensations nouvelles qui sont plus miennes que celles que j'éprouvais auparavant. Mais je me soignerai, je te le promets, je ne jetterai plus mes médicaments dans la cuvette des W.-C. Ma Nore chérie, pourquoi n'es-tu pas là à te blottir contre moi pour que je puisse te transmettre mes microbes en plus de mes pensées ? »

Nous voguons entre réalité et imaginaire. Cette femme existe-t-elle vraiment ou est-ce seulement le fruit de son imagination ? Est-ce un amour réel ou inventé pour combattre la solitude. Les lettres n’ont jamais de réponse.

« Le monde est un petit chaos d’où cherche à s’extraire une figure. Une aiguille dans une botte de foin. Avec elle, quand j’aurai mis la main dessus, je m’appliquerai à reprendre la tapisserie et tu verras, progressivement un monde en surgira et dans ce monde, presque oubliée, dans un coin où personne ne pense à regarder, il y aura toi, et dans un coin où personne ne pense à regarder, il y aura toi, et dans un autre coin il y aura moi, et pour nous deux seulement il sera clair que nous marchons l’un vers l’autre, même si tu es assise dans ta chambre, recroquevillée sur ta chaise, et moi perdu, l’air égaré, guidé apparemment par le seul hasard et son cortège de menteries. »

Au fil de ses écrits, l’aimera-t-il encore ?

L’écriture n’est pas linéaire ce qui donne de la force au texte. Les moments de la journée sont évoqués comme des collages sur un tableau. Des fragments d’émotion nous sont livrés avec des revirements dans les sentiments.

Les dessins d’Anne Laure Sacriste sont magnifiques avec un graphisme très fin et l’utilisation du noir et blanc, avec une légère teinte bleutée, comme le négatif et le positif d’une photo, révèle la réalité en laissant place à l’imaginaire.

Brigitte Aubonnet 
(19/04/10)   



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Lectures










Ed. du Chemin de Fer

70 pages - 12 €





Dessins
d'Anne Laure Sacriste