Pierrette FLEUTIAUX

La saison de mon contentement



Une candidate aux élections présidentielles, une nouveauté en France, un bouleversement, un déchaînement de critiques, de sous-entendus, d’injures mais aussi un formidable mouvement de soutien et d’espoir.
Depuis la loi salique qui a détourné les femmes du trône de France, aucune femme n’a dirigé la France contrairement à nos proches voisins comme l’Angleterre ou les Pays-bas.
Tous les arguments ont été utilisés contre Ségolène Royale mais, bien sûr, en refusant d’admettre que ces mêmes critiques n’auraient jamais été énoncées si elle avait été « un candidat ».
Pierrette Fleutiaux nous fait vivre sa perception de cette campagne électorale et les échos engendrés, presque malgré elle, avec sa vie personnelle, son parcours de femme, de mère, d’écrivaine.
Son analyse est à la fois personnelle et universelle. Nous avons tous éprouvé des sensations et des émotions inconnues lors de cette campagne qui ont suscité des débats, des réflexions, des interrogations. Pierrette Fleutiaux nous les fait revivre en retraçant ces mois étonnants à bien des égards : « C’est ce bon sens que j’entendais dans ses phrases longues et ondulantes, bien plus que dans les slogans percutants de son concurrent. »
Elle se surprend aussi elle-même dans son désir de s’engager, d’écrire dans les journaux, elle n’a plus ni peur ni angoisse du refus ou de la moquerie, elle contacte des écrivaines, elle se découvre elle-même, elle fait resurgir des souvenirs. Elle élabore toute une réflexion sur la situation des femmes, de la femme, sur la vie de sa mère, la sienne.
La vie littéraire connaît aussi ce partage entre les hommes et les femmes. Toute l’histoire est marquée par cette situation qui finit par nous paraître "normale" et la présence d’une candidate à l’élection présidentielle bouleverse les schémas classiques.
Pierrette Fleutiaux s’interroge sur l’émotion qui existe au stade Charléty, sur la fraternité qui y règne. Elle nous parle de l’utopie, de la capacité à se mettre à la place de l’autre, des marques du féminin, la robe et le sac, de l’ordre, de l’ordre injuste, des pieds bandés des jeunes Chinoises, du regard des hommes sur les femmes, de la poésie et de l’accès à la littérature ainsi que du rôle de l’écrivain et de l’artiste. De nombreux thèmes sont abordés dans la richesse et la cohérence de la pensée.
Ce texte n’est ni un essai, ni un pamphlet, c’est un livre atypique et fort, passionnant et enrichissant. Il relate un événement qui touche à la vie publique et politique ainsi qu’à l’intime de chacun et ouvre la voie à de nouveaux possibles.
« Ce roman-là me permet de descendre dans les détails individuels, dans les complexités et contradictions, et ainsi de voir s’animer des pans entiers de vie, de corps-esprit humain, qui autrement seraient restés inertes. »



L’os d’aurochs


Deux chiens puis trois dans L’os d’aurochs. Une fable où les sentiments et les mots se jouent de nous. Chien-perdu rencontre Chien-errant. Il lui donne plusieurs noms : Chien-malin, Chien-crétin, Chien-méchant… Les moments déterminent l’appellation. Chien-perdu a perdu – ou a été perdu par – Freddy lors d’une fête foraine. Il ne s’en remet pas. La rencontre avec Chien-errant va lui permettre d’échanger. Il sait qu’il a une supériorité sur Chien-méchant. Il a l’espoir. Le souvenir de l’amour n’est pas mort en lui, et cela lui donne une endurance infinie. Chien-méchant, lui, n’a ni passé ni avenir, il vit dans l’instant, et cet instant n’est fait que de luttes sordides.

illustration pleine page de Cristine Guinamand Ils ne s’entendent pas toujours très bien mais Chien-errant va tout de même sauver Chien-perdu qui est renversé par une voiture et va rencontrer une chienne qui va l’accompagner dans ses recherches. Nous retrouvons avec plaisir l’écriture de Pierrette Fleutiaux qui au travers des sentiments et des agissements de trois animaux nous renvoie à nos propres fonctionnements. Un très beau moment de lecture.

12 illustrations couleurs de Cristine Guinamand constituent de véritables tableaux tout à fait en écho avec le texte.


Brigitte Aubonnet 
(27/04/08)   



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Editions Actes Sud
404 pages - 21,80 €





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Pierrette Fleutiaux

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Ed. du Chemin de Fer
60 pages - 15 €