Mahout, le titre du livre, est le nom donné aux dresseurs d'éléphants en Inde. Ce nom traverse le roman de part en part comme un talisman.

Le livre commence par décrire la vie difficile des paysans, obligés de vendre leurs fils pour payer leurs dettes. C'est ce qui arrive à Sid, le héros de l'histoire, muet à cause d'un traumatisme et qui retrouvera la parole à un moment crucial. Il est vendu par son "oncle" – le prêteur du village – à un propriétaire d'éléphants.

Dans le camp d'éléphants, Sid connaîtra la corruption des riches, la violence des rapports humains, la maltraitance puis sa vie basculera d'un seul coup : « Le jour funeste où Rajkumar et Trishur étaient morts avait changé le cours de mon destin : d'un grand mal peut naître un bien plus grand encore ».
Grâce au "rejuvenation camp", un camp de remise en forme pour éléphants, il sera libéré de son asservissement.

Pas à pas, le lecteur suit son apprentissage et découvre comment dompter, dresser, soigner, laver, comprendre un éléphant sans oublier qu'il reste un animal sauvage : « Que ça vous plaise ou non, vous appartenez à l'espèce humaine, celle qui les a privés de la liberté. Aucun éléphant captif ne l'oubliera, même le plus paisible. »

C'est un très beau livre, dur parfois, qui laisse affleurer la passion et l'engagement de l'auteur pour l'Inde et les éléphants et qui contribue à éclairer le lecteur, petit ou grand, sur la vie de ces « géants » et de ce continent oublié : « Si ce livre peut contribuer d'une infime manière à ce qu'un jour nous laissions les éléphants, ces géants magnifiques enfin libérés de leurs chaînes, coexister librement et pacifiquement avec nous, alors les espoirs d'un monde meilleur exprimés ici n'auront pas été tout à fait vains. »

Enora Bayec 
(13/07/10)