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Joëlle ÉCORMIER


Le petit désordre de la mer



Écrire peut être une façon de se sauver ou de se mettre en danger. Où se situe la frontière entre la folie et la création ? Et si l’écriture permettait de sortir de l’autisme ?
Barbara Zara écrit, elle a du mal à rester dans le réel. Elle a deux enfants, elle a divorcé d’avec Tom qu’elle avait rencontré chez Andreea une amie qui l’avait hébergée et soutenue dans sa création d’écriture d’autant plus qu’elle était peintre et illustratrice donc aussi au cœur de la création.
Barbara se sent en dehors du monde, toujours lamentable, pas comme les autres même si le mercredi elle s’occupe de ses enfants et leur fait des gâteaux pour essayer d’être "une bonne mère". Mais bien vite, elle retourne à l’écriture qui la sauve de la folie et de l’absence.

La mère de Barbara est partie un jour avec uniquement son sac à main, elle n’est jamais revenue. Son père l’a attendue des années. La vie est parfois plus compliquée que la fiction où l’on peut se créer son univers.
Je suis Barbara Zara, j’ai trente-cinq ans, je vais bien. J’écris pour les enfants. Quatre-vingt-neuf histoires en vingt ans. J’ai Lola, huit ans, et Léo, quatre ans. J’ai divorcé il y a trois ans. Je vais bien. Je marche au soleil de midi et je n’ai pas d’ombre. […] Je vais choisir un documentaire animalier, n'importe lequel, les crabes, les pieuvres, les gazelles de Thompson, le monde simple des méduses, je vais le regarder et comme d'habitude, je vais faire ce que je sais faire de mieux, lutter contre le réel, le transformer à ma guise. Je vais déguiser le monde, le rendre supportable, lui mettre des habits imaginaires, organiser mon carnaval.

L’écriture de Joëlle Écormier est poétique et émouvante : Les mots s’enroulent et s’agrippent à la page comme des tentatives de bouture.
Joëlle Écormier nous transporte au cœur des émotions et des sentiments d’une écrivaine qui se cherche et cherche à donner sens à sa vie car elle craint toujours de "s’effacer du monde".

Nous sommes embarqués sur une île à l’ambiance particulière et double : ouverte sur tous les possibles et sur un horizon qui est la porte du monde et aussi fermée sur un espace restreint entouré par la mer furieuse ou douce selon les moments.
De très beaux moments sur le silence, le vide, la nature, l’amour, l’écriture, la création : J'avais besoin qu'Andreea demeure cette femme inébranlable, sûre d'elle. Son principe habituel cousu de petites phrases pratiques me convenait. « On ne parle pas de la peinture, on la fait. Poser des questions, c'est tuer l'art. L'art se nourrit de notre part d'ombre, tu mets la lumière et tu assèches tout, ton stylo, mon pinceau. Il vaut mieux ne pas savoir pourquoi on fait tout ça. »

C’est un roman que l’on a du mal à quitter, on s’y sent bien car les mots, que Joëlle Écormier manie avec dextérité, sont des embruns chargés de la tendresse de cette femme qui se livre à nous dans sa totalité, dans sa quête et ses questionnements qui jalonnent toute vie.

Brigitte Aubonnet 
(17/04/10)    



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Océan éditions

232 pages, 17 €






Joëlle Écormier,
née en 1967 au Tampon
(Ile de la Réunion),
chargée de la promotion de l’écriture à la médiathèque de Saint-Denis (Réunion) et animatrice d’ateliers d’écriture, est l’auteur d’une quinzaine d’ouvrages.



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