Dans son F1, au sixième étage, Coumba, dix-neuf ans, d'origine sénégalaise, grande, cheveux longs qu'elle coiffera en chignon, pour l'instant en bataille, en tee-shirt Snoopy XXL flottant jusqu'à mi-cuisses, réveillée par un mix r'n'b dernier cri sur NRJ, se lève, s'étire, tâtonne dans la pénombre jusqu'au coin cuisine, prépare son bol de chocolat et de céréales qu'elle avale mécaniquement, puis file sous la douche.

Une journée qui commence comme les autres …

Après sa douche, Coumba s’occupe d’Assata, sa fille de deux ans, dont le père est en prison. Puis elle la dépose à la crèche avant d’aller au lycée où elle prépare un BTS tout en travaillant dans un MacDo.

Mais ce jour-là ne sera pas comme les autres…

Deux policiers débarquent au lycée. Aldo s’est évadé de Bois d’Arcy. Ils emmènent Coumba au commissariat. Elle a beau expliquer que leur histoire est terminée, ils sont persuadés qu’il va chercher à prendre contact avec elle si ce n’est déjà fait, surtout pour revoir sa fille. S’il apparaît qu’elle était au courant du projet d’évasion ou qu’elle aide le fugitif dans sa cavale, elle sera accusée de complicité et sa fille lui sera retirée.

Après avoir mis son téléphone sur écoute et perquisitionné son appartement, les policiers lui ont rendu sa liberté mais une liberté surveillée.

La surveillance était bien en place. Désormais, lorsqu'elle se déplaçait, elle avait l'impression d'être épiée par des caméras de surveillance et que, derrière les écrans de contrôle, on analysait chacun de ses gestes, même les plus anodins, chacune de ses attitudes, de ses hésitations.

En chapitres alternés, on suit aussi Aldo qui pense pouvoir facilement se perdre dans la multitude d’un Paris surexcité par la préparation de Noël.

Se noyer dans la foule, se mélanger aux autres, voilà le meilleur moyen, dans les premières heures de la cavale, de ne pas se faire repérer, tenter de faire le mort, passer la première semaine, ensuite ce serait plus facile.

Coumba surveillée et Aldo pourchassé, deux personnages attachants dont les réflexions, les peurs, les actes plus ou moins raisonnables, constituent la trame d’un roman haletant et très humain. On les suit, on partage leurs angoisses, on attend leur rencontre et on s’interroge sur le dénouement d’une histoire si mal engagée…

Auteur de romans pour la Série Noire (Paris paria) ou Le Masque (J'aime pas les types qui couchent avec Maman), Thierry Crifo se consacre à la littérature jeunesse avec la même exigence et le même talent.

Serge Cabrol 
(09/08/07)