"Berlin est une de ces métropoles qui exigent à la fois le sens de la mémoire et celui de l'avenir, un esprit aux aguets. Berlin, perpétuel chantier, fait partie de ces villes d'Europe où tout est en construction – idéale pour se construire soi-même."

Un carnet de route, un guide singulier pour découvrir de l'intérieur une ville mythique, chargée d'histoire, à hauteur de piéton, hors des circuits touristiques, en suivant une géographie toute personnelle, tournée vers l'art, le théâtre, les habitants et leurs petites manies somme toute plutôt sympathiques.

"Ici la beauté ne se donne pas facilement il faut la vouloir un peu rien à voir avec l'arène posée au coeur de la ville avec le palais grec romain babylonien égyptien turcohispanomauresque découpé sur fond d'azur de carte postale la beauté du nord est plus fragile moins évidemment décelable parfois discrète et néanmoins comme les yeux d'une femme qui réfléchit à voix haute en vous regardant pour deviner ce que vous pensez les deux bras entourant votre cou et les doigts croisés derrière votre nuque."

Une déambulation dans cette ville qui "se construit selon les lois mystérieuses d'un désordre apparent alors qu'à Paris rien ne bouge jamais."

Une forme de journal intime avec de petits poèmes, des propos sur le théâtre, des remarques culturelles et sociologiques comparant la vie de chaque coté du Rhin.

"Chacun à sa tache à l'effort au devoir de bien faire où le travail est le début et la fin de toute chose le but en soi où les machines tournent vingt-quatre heures sur vingt-quatre où les néons brillent en quête de clients éternels où les commerces aspirent le flot intarissable de l'humanité et le dépouillent aux caisses enregistreuses où paraissent des millions de livres où sortent des milliers de films où se jouent des centaines de pièces de théâtre des dizaines d'opéras chaque soir et encore chaque soir comme si l'on affrontait les dieux et la connaissance humaine toute entière pays faustiens vieilles contrées inquiètes."

Le lecteur se laisse embarquer, séduire, et il met ses pas dans ceux de l'auteur pour cette étrange pérégrination sans but apparent avec l'envie forte de découvrir cet ailleurs, qui trouve écho en nous.

Dominique Baillon-Lalande 
(17/04/07)