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Béatrice BOTTET


Rose-Aimée
(Tome I, La belle qui porte malheur)


Ce roman d'aventures, vif et passionnant, retrouve le souffle et l'atmosphère des Mystères de Paris d'Eugène Sue et des grands feuilletons du XIXe siècle.
Les deux héros, Rose-Aimée et Martial, sont des jeunes gens que rien ne destinait à se rencontrer et à vivre une histoire d'amour. Leur rencontre et leur histoire vont d'ailleurs se révéler chaotiques et compliquées.

C'est Martial Belleroche que nous rencontrons en premier. Il est à San Francisco, en 1851, au moment où la Californie est enfiévrée par la découverte de l'or. Nous apprendrons plus tard qu'il est né dans un coin de campagne française, au milieu d'une famille de seize enfants. Un jour, un recruteur est passé par là pour engager des matelots car on n'en trouvait pas suffisamment dans les régions côtières. Martial, quatorze ans et deux de ses deux frères, Florent, treize ans et Joseph, dix ans ont sauté sur l'occasion de fuir la misère. Les trois frères ont fait bloc pour s'habituer aux conditions difficiles de la vie sur les océans. Quelques années plus tard, Florent est mort de maux de ventre et Joseph s'est noyé. Martial a continué à naviguer et ses voyages ont fini par le mener en Californie. Beaucoup de bateaux y arrivaient mais peu en repartaient. Martial s'est débrouillé pour se constituer un joli pécule mais il a bien failli le perdre dès les premières pages du livre où il est attaqué par trois hommes prêts à le tuer. Heureusement, Albert Garancher, un autre Français passant par là, lui vient en aide. C'est un imprimeur, responsable d'une gazette locale, qui à charge de revanche lui propose une étrange mission : rentrer en France et retrouver un manuscrit précieux à ses yeux écrit, pendant la révolution de 1848, qu'il a confié à une nièce, danseuse dans un cabaret de La Villette sous le nom de Fifi-les-Guibolles. Une femme dont Martial devra se méfier ! Le jeune homme accepte et jure de rapporter le manuscrit à San Francisco deux ans plus tard, le temps de faire l'aller et retour.

Le deuxième chapitre est consacré aux huit mois de la traversée pour rejoindre Nantes et nous voici rapidement à Paris, dans le quartier de La Villette, au Cabaret des Trois Anges Blancs où chaque soir Rose-Aimée, surnommée Fifi-Bout-d'Ficelle, danse la polka pour attirer et faire consommer le chaland. Contrairement à Ciragette ou Sottilde, elle ne monte pas avec les clients et rentre sagement dans le vieux couvent abandonné où elle a élu domicile.
Fifi-Bout-d'Ficelle, Fifi-les Gambettes, Fifi-les-Guibolles… Martial a du mal à s'y retrouver avec toutes ces Fifi… Alors, il observe, il écoute et cherche à comprendre à qui il a affaire.
Il découvre que Rose-Aimée a une étrange et redoutable réputation : on l'appelle La belle qui porte malheur. Tous ceux qui lui veulent du mal en font les frais et sept hommes sont déjà morts en s'y frottant de trop près.

Béatrice Bottet, historienne de formation, s'en donne à cœur-joie pour décrire avec force détails le Paris de l'époque, les costumes, les usages, les danses, les expressions… Parfois, elle y mêle son goût pour le fantastique avec des fantômes de religieuses décapitées sous la Révolution ou un Ange de la mort fantasque et vengeur.

Rose-Aimée entrevit bel et bien dès la première nuit les vagues fantômes des religieuses, alors qu'elle faisait le tour de son nouveau domaine.
Terrorisée, elle resta debout, raide et glacée, dans la salle capitulaire. Elle voyait les spectres qui évoluaient autour d'elle, indifférents, avec leurs traces sanguinolentes autour du cou.
- Je... je... je vais... vivre quelque temps ici, balbutia la jeune fille. Je... je... je ne vous dé... dérangerai pas.
Elle crut voir les femmes qui hochaient la tête dans sa direction, comme si elles acquiesçaient. Leurs têtes à demi détachées branlaient sur les cous. Certaines les réajustèrent en s'aidant des deux mains. Rose-Aimée ferma les yeux de toutes ses forces, tomba à genoux et pria de tout cœur. Cela dut plaire aux fantômes. Depuis, la vivante et les mortes avaient des relations courtoises, si l'on peut dire, mais un peu distantes.

De rebondissements en quiproquos, les aventures et les émotions s'enchaînent, les presque cinq cents pages défilent à toute vitesse, et on se retrouve, haletant comme après une grande chevauchée, à la fin du premier volume dont la suite, Le marin perdu dans la brume, est déjà annoncée…

Pour les curieux qui ont envie d'en savoir un peu plus… une vingtaine de pages d'annexes évoquent, avec de nombreuses illustrations, la ruée vers l'or, San Francisco, Paris sous Napoléon III, La Villette, les patronnes de cabarets, l'accordéon, l'argent au XIXe siècle et les vêtements féminins… De quoi se documenter pour apprécier encore plus le prochain volume.
Amateurs de romans historiques, d'amour et d'aventures, n'hésitez pas !

Serge Cabrol 
(15/04/11)    



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Jeunesse









Rose-Aimée

Tome 1 :
la belle
qui portait malheur

496 pages - 16,90 €


Illustration de
couverture :
Miguel Coimbra


Illustrations intérieures :
Rolland Barthélémy







Béatrice Bottet,
après avoir été professeur de Lettres et d’Histoire pendant une douzaine d’années, poursuit une double carrière : l’écriture romanesque pour la jeunesse et les ouvrages documentaires. Elle a publié plusieurs dizaines d'ouvrages.

Entretien et bibliographie
sur le site de l'éditeur






Le deuxième volume,
Le marin perdu
dans la brume
,
paraîtra en mai.