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Jacques-Olivier BOSCO "Ceux qui exploitent ou maltraitent le corps des femmes ont renoncé à être des hommes : ce sont des animaux. Ils m'inspirent des sentiments haineux qui pourraient faire de moi le pire des bourreaux." Homo Erectus / Benacquista Le monde est pourri, on le sait, et les romans noirs traduisent cette pourriture en encre, mais là on est submergé. Ça commence de manière si violente qu'on craint de ne pouvoir affronter la suite. Je me suis demandée alors ce qui m'avait poussée à continuer à lire, et bien c'est ça, exactement ça : la haine. La haine pour ces hommes qui "dressent" des femmes et les "vendent" comme des bêtes et l'espérance qu'à la fin, ils seront punis. Et le plaisir, oui, c'est affreux, le plaisir de retrouver plus que les conventions du roman noir, de véritables anthologies. Par exemple, le combat de boxe : on découvre notre héros sur le ring et là, il n'a rien à envier à un Paul Newman ou un Humphrey Bogart, les parangons du genre. La description de son appartement : on a l'impression d'y avoir habité tant on l'a déjà lu ou vu, vibrant de jazz, d'alcool et de fumée de cigarettes. Appartement forcément visité par de splendides créatures qui viennent pile au bon moment jouer les infirmières et soigner sa gueule d'ange cabossée ou les femmes fatales et lui ravir le cur. Car ce Maudit, tel est le surnom un peu pompeux de ce tueur à gages qui, justement, refuse les contrats sur les enfants et les femmes, a un cur. Alors on succombe très vite à la lueur verte des yeux de cet ancien mercenaire repenti qui n'a qu'une motivation : rencontrer au moins une fois sa fille dont il a été séparé juste avant la naissance, quand il a dû s'exiler en Colombie. Les chapitres alternent très vite des lieux et des personnages apparemment sans autre lien entre eux que le banditisme : Bogota et les cartels de la drogue, la Côte d'Azur, Paris et ses maffieux de tous poils, les environs de Zagreb et le clan des Croates. "Le clan des Croates uvrait dans la prostitution depuis des
décennies. Ces hommes n'avaient aucune humanité, aucun respect
de l'être, de l'âme humaine (ils trafiquaient aussi des hommes et
des enfants, pour des organes, de la prostitution, ou même, de l'esclavage
"moderne"). Le clan croate s'était fait une réputation
avec ses centres de dressage ou d'élevage (comme ils disaient)
c'était à se demander s'ils ne faisaient pas tout ce mal par plaisir,
plus que par cupidité. Une sorte de nécessité atavique
Une chose était sûre, pour en arriver à un tel point de
brutalité naturelle et de sadisme, ces hommes avaient, ancré au
fond d'eux, une rusticité animale, un mépris de l'autre génétique,
bref une cruauté sauvage qui les rendait extrêmement dangereux.
Les scènes sont récurrentes : brutalités, humiliations,
enlèvements, tortures, viols, assassinats, chasses à l'homme et
au sanglier et danses érotiques. Dans une course effrénée, la peur au ventre, pour sauver sa sur des infernales fermes de dressages des Croates, Amanda va, évidemment, se faire aider du seul capable de réaliser un exploit pareil : le Maudit. Ces deux-là tombent, évidemment, raides dingues amoureux dès leur première entrevue et cet amour, comme une petite fleur poussée sur du fumier, n'est pas non plus pour rien dans le fait que le lecteur trop sensible a tout de même envie de savoir Bref c'est noir, bien noir. Et puis, à cause de l'humour distillé par tant de clichés, dans un train d'enfer avec au bout peut-être l'espoir de sortir du tunnel, on fonce en croisant les doigts pour que les marchands d'esclaves soient aussi éradiqués du vrai monde ! Sylvie Lansade (23/10/12) |
Sommaire Noir & polar Editions Jigal 272 pages - 18,50 €
Plusieurs entretiens avec Jacques-Olivier Bosco sont disponibles sur internet, notamment chez Passion Romans et Le Concierge Masqué Découvrir sur notre site d'autres polars parus chez le même éditeur : Maurice Gouiran Sur nos cadavres, ils danseront le tango André Fortin Requiem pour le juge Collectif Les auteurs du noir face à la différence Janis Otsiemi Le chasseur de lucioles Philippe Georget Les violents de l'automne |
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