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Jean-Noël BLANC

Comme si rien



Le monde de l’entreprise et le fonctionnement de notre société méritent bien des critiques et des moqueries. Jean-Noël Blanc ne s’en prive pas dans Comme si rien où des « petits riens » vont bouleverser la vie d’Albert Pêcheur, qui justifie de trente-deux ans de carrière dans un Ministère sans le moindre arrêt de travail, retard ou entorse au règlement et vit toujours chez sa mère. Tout va bien pour lui jusqu’au jour où le Ministre annonce sa visite dans le Bureau central des vérifications où il travaille : Au bureau, on ne parlait plus que de ça. Toute l’activité s’ordonnait en fonction de l’événement. Ranger, nettoyer, installer des lampes neuves sur chaque bureau, remplacer les vieilles corbeilles à papier par des corbeilles en plastique de couleur, réécrire au normographe les titres au dos des classeurs les plus visibles, arracher les pages de Playboy que Confavreux avait collées sur la porte de son armoire. On s’activait. Les jours passaient.
Toute la belle construction d’une vie tranquille va se dérégler dans un engrenage irrémédiable. Avec ironie, Jean-Noël Blanc détricote le maillage si consciencieusement établi.
Rien n’est jamais acquis. Où se situe l’essentiel d’une vie ?

Jean-Noël Blanc avait déjà abordé ce thème de l’entreprise dans La petite piscine au fond de l’aquarium où les chapitres courts et l’alternance de la vie sociale et de la vie privée du personnage mettaient très ironiquement en valeur le monde bancal qui nous entoure. Pierre Lacroix, un cadre cinquantenaire, après un congé maladie pour une opération, retrouvait l’entreprise où il travaillait en plein bouleversement.

C’est la « restructuration ». Il faut être rentable, rapide – s’écrire par courriel même si les bureaux sont côte à côte –, avoir un look qui correspond à l’uniforme actuel des cadres actifs et efficaces, accepter d’être formaté…

Jean-Noël Blanc poursuit dans cette veine pour notre plus grand bonheur de lecteur et de citoyen et ces deux livres dénoncent avec un humour grinçant les dérives des fonctionnements actuels.

La structure des textes joue un rôle essentiel. Les vies ressemblent au plan d’une ville où chacun essaye de se retrouver dans le dédale de ce qui lui est proposé ou plutôt imposé. Ce ne sont peut-être aussi que des échafaudages qui s’écroulent lorsque « la modernité » les bouscule.

L’illustration architecturale d’Ann Guillaume accompagne harmonieusement le texte avec de nombreux clins d’œil ironiques.

Brigitte Aubonnet 
(04/04/08)   



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Lectures









Ed. du Chemin de Fer
64 pages - 15 €

www.chemindefer.org

Illustrations
d'Ann Guillaume



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La petite piscine
au fond de l’aquarium