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Nadia BERQUET

Cité des Fleurs


Cité des Fleurs est un recueil de nouvelles qui commence par un coup de poing. La haine du père est dévastatrice : « Salut vieux, je ne sais pas si tu te souviens de moi, ça fait presque quinze ans qu'on ne s'est pas vus. Enfin, que je ne t'ai pas vu, puisque c'est moi qui l'ai décidé. Et aujourd'hui, c'est drôle hein, je t'écris en souhaitant que tu n'ailles pas bien, mais alors pas bien du tout – dis, tu vas crever bientôt ? Parce que s'il y a quelqu'un qui mérite de mourir alors c'est toi, et comme disait l'autre sorcière, je lèverai le verre au champagne ce jour-là. C'est comme un devoir, tu dois mourir, il faut que tu comprennes; mais est-ce que tu sais ce que c'est qu'un devoir ? »

Une fille retrace le parcours de sa famille venue d’Algérie, sa mère et les nombreux frères et sœurs, la seconde épouse avec ses nombreux enfants aussi et les maîtresses du père qui lui vit sa vie dans le plus grand égoïsme. Cette nouvelle déverse tout le ressentiment et le rejet que parfois on peut éprouver envers des êtres chers qu’on aurait dû aimer et qui auraient dû nous aimer. L’absence de tendresse et d’amour génère la haine. L’ironie existe aussi quand la narratrice évoque l’incompréhension des enseignants quand elle indiquait que son frère était né la même année qu’elle. La bigamie n’était pas envisageable donc c’était forcément l’enfant qui se trompait sur les dates de naissance. Comment une fillette peut-elle avoir raison face à l’inenvisageable ?

Les autres nouvelles abordent le rapport à la grand-mère et le parcours d’une adolescente vers sa vie de femme qui ne sera peut-être pas telle qu’elle l’avait imaginée, le quotidien d’une cité et la dérive des jeunes garçons vers la délinquance, la rencontre de deux hommes dans un bistrot et la découverte des douleurs que l’on cache aux autres…

Le recueil se termine sur une nouvelle pleine d’humour sur le rôle des psychologues.
« J'ai répondu, avec de l'hésitation et du dégoût plein la voix, dégoût pour toutes les choses que je venais de faire, de dire, pour moi en tout cas.
— Écrivain.
J'avais toujours honte en disant ça, écrivain ce n'est pas un métier, tout le monde écrit, à moins d'être reconnu quoi ! Écrivain, ça veut dire ne rien faire du tout et l'avouer, en plus.
— Ah, elle a dit.
D'habitude, on me demandait toujours : « Ah, et qu'est-ce que vous écrivez ? » et on n'attendait même pas la réponse, parce que politesse oblige, à poser la question je veux dire.
Elle, elle ajuste dit : « ah » et elle m'a proposé une cigarette, je devais la changer de ses clients habituels. 
»

Une écriture forte qui donne envie de découvrir Nadia Berquet dans ses autres écrits : La sale odeur du bonheur, nouvelles, et La guerre des fleurs, roman, parus chez HB éditions en 2003 et 2005.

Brigitte Aubonnet 
(04/09/09)    



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Editions Le Mot Fou
Collection Récidives

128 pages - 7,50 €




Le Mot Fou
BP 66 - Le Viou
04301 Forcalquier cedex