Retour à l'accueil du site






Paul ANDREU


Les eaux dormantes



Le narrateur de ce récit est un homme solitaire, souffrant : il recherche le calme et le silence de la nature pour se plonger dans un face à face lucide, donc parfois très douloureux, avec lui-même. C’est pourquoi il a rejoint deux maisons, bien connues de lui, qui lui offriront un havre de paix. Là, veillé discrètement par des amies chères, dans le silence de la campagne et des bois, contemplant le miroir des eaux, il aspire à de longues rêveries ; en profonde symbiose avec la nature, il se laisse aller à ses souvenirs, au rythme de son corps et de son âme : Je suis venu chercher la paix, pas la beauté. Pas la terreur, la paix. Je suis prêt à la payer de monotonie et d’ennui. J’ai besoin de paix. Ainsi, construite au gré du vent et des eaux de l’étang, cette longue méditation conduit cet homme à faire le point sur sa vie, sur ses échecs et ses angoisses : L’eau de l’étang se referme sur moi. Les rêves vont et viennent comme des carpes.

L’écriture subtile, nuancée et poétique, rend compte des questionnements inquiets du narrateur : Tout bouge ici pour peu que l’on reste immobile. L’eau et l’air, les nuages, les arbres, l’herbe elle-même. En moi aussi tout bouge. Je perçois les pulsations de mon cœur et chaque temps de ma respiration. Leur régularité devrait me rassurer. Elle m’inquiète. Quoi de plus fragile que cette répétition dans laquelle tout incident semble aussitôt une rupture ! Pourquoi suis-je parfois, sans que rien ne l’explique à bout de souffle ?

Le lecteur partagera avec intérêt, sans nul doute, l’itinéraire intérieur de cet homme (dont on sait finalement peu de choses), et s’identifiera facilement à lui : en effet, qui ne s’est jamais interrogé sur le sens de sa vie, sur la fragilité de celle-ci, et n’a pas tenté de mettre des mots sur ses angoisses et ses souffrances ? Ce récit intime, qui amène le narrateur à toucher à ses propres limites (il l’avoue aisément : Au bord de l’étang, je me tiens à la frontière du monde) a, paradoxalement, une portée universelle. Une méditation romantique, au sens littéraire du terme, aux accents élégiaques et philosophiques qui ne laisseront pas insensible le lecteur.

Sylvie Legendre-Torcolacci 
(30/09/10)    



Retour
Sommaire
Lectures










Les impressions nouvelles


128 pages - 13 €




Polytechnicien, ingénieur, architecte, Paul Andreu a notamment réalisé les aéroports de Roissy, d’Abu Dhabi, de Jakarta, du Caire, de Nice... Il a inventé le concept de l’aéroport du Kansaï (Osaka) et a assuré la construction de la Grande Arche de la Défense...

Lire la suite
sur le site de l'éditeur