Cinq auteurs, cinq nouvelles, une belle collection qui nous offre à lire des textes variés, d’écrivains contemporains, d’écrivains classiques, d’écrivains étrangers.
Pour ce troisième coffret :

- Une leçon d’histoire naturelle de Gustave Flaubert qui décrit avec beaucoup d’humour grinçant, à la façon d’un zoologue, le genre Commis. « Le Commis a depuis 36 ans jusqu’à 60 ; il est petit, replet, gras et frais ; il a une tabatière dite queue de rat, une perruque rousse, des lunettes en argent pour le bureau et un mouchoir de rouennerie. […] Ne vous avisez pas de l’appeler : Commis ! Dites au contraire : Monsieur l’employé ! »

- Boitelle de Guy de Maupassant est une terrible nouvelle sur le racisme. Le père Boitelle est un homme qui n’a pas pu vivre avec l’amour de sa vie car ses parents n’ont pas accepté qu’il veuille épouser une femme noire : « - Mon pauv’e gars, vrai, alle est trop noire. Seulement un p’tieu moins je ne m’opposerais pas, mais c’est trop. On dirait Satan ! »

- Un Compagnon de Yordan Yovkov, considéré comme le plus grand nouvelliste bulgare. Il est mort en 1937 et Thomas Mann a inclus Le Péché d’Ivan Béline dans son anthologie des meilleures nouvelles du monde. Un Compagnon, est une nouvelle traduite du bulgare par Denitza Bantcheva et inédite en français. Des soldats en temps de guerre se déplacent à cheval. Toute la nouvelle évoque la relation entre un capitaine et son cheval : « Un accident se produisit alors : le cheval aveugle tomba dans une tranchée. C’est le capitaine qui le vit le premier, le hasard l’ayant entraîné du côté des tranchées où les soldats ne se promenaient jamais. L’animal était terrorisé. […] La douleur et la peur l’avaient fait transpirer. A l’appel du capitaine, une bonne vingtaine de soldats accourut. Dès qu’il les entendit, le cheval s’apaisa, il s’immobilisa et s’abandonna à eux en toute confiance. »

- Une voiture blanche d’Annie Saumont qui a écrit environ deux cents nouvelles et a été primée de nombreuses fois. Un professeur de mathématiques se souvient de Lia, la fillette qui était à côté de lui en classe, sur laquelle il copiait en dictée car il était mauvais en orthographe. « Je crois que ça lui était bien égal que je récolte des points immérités. Les notes elle s’en fichait. Nous étions des champions de l’orthographe. Je lui laissais la première place, je faisais exprès parfois de ne pas corriger dans ma page une faute que la maîtresse soulignait aussitôt… » Lia a disparu un jour. Le narrateur se souvient vingt ans après.

- Noyant d’Allier de Leïla Sebbar qui a publié de nombreux ouvrages, romans, essais, recueils de nouvelles où le thème de l’identité et de l’origine se croisent au fil des pages. Lam a vécu la guerre d’Indochine, d’Algérie, du Vietnam : « Depuis l’enfance, il vit dans la guerre. Comme tant de fils de paysans pauvres, familles nombreuses, trop d’enfants, parfois trop de filles. La guerre, malheur à la campagne, bonheur à la ville : petits trafics, argent facile, métiers lucratifs et délictueux de la guerre. » Il va retrouver sa sœur puis la perdre de vue. Sa famille s’est désagrégée. Il a vécu les horreurs de la guerre. Après son errance, il va se fixer dans un village du côté de l’Auvergne : Noyant d’Allier, un village vietnamien.

Des univers très différents, où l’écriture de chacun peut s’exprimer, nous permettent de découvrir des personnages très émouvants. Cette troisième livraison confirme la qualité de la collection. Des coffrets à conserver et à offrir…

Brigitte Aubonnet 
(21/01/09)