Plumes et  pinceaux

De tous temps les peintres ont fasciné les écrivains et on ne compte pas les œuvres où les deux arts sont mêlés. Balzac, Gogol, Poe, Baudelaire, Zola, Wilde, Proust, Nabokov… La liste pourrait s’étendre sur des pages sans devenir exhaustive. Les titres aussi sont éloquents : L’œuvre, Le chef-d'œuvre inconnu, Le portrait ovale, Le portrait de Dorian Gray, La Vénitienne, Les perles de Vermeer, Nu couché, Le tableau du Maître flamand...
Les grands mouvements de pensée n’ont pas échappé à cette interpénétration des deux arts. Peintres se revendiquant du symbolisme, écrivains surréalistes, et réciproquement, gens de plume et de pinceaux (de couteaux ou de ciseaux), à Montmartre, à Montparnasse ou ailleurs, ont partagé les mêmes révoltes, la même folie créatrice.
Et aujourd’hui encore, pas un mois sans qu’un peintre fasse paraître ses notes d’atelier, sans qu’un écrivain publie ses réflexions picturales, sans qu’un romancier se glisse dans l’univers d’un peintre. On pourrait aussi évoquer le théâtre – quand la peinture devient l’enjeu d’une amitié (Art de Yasmina Reza chez Albin Michel) ou d’un conflit familial (Natures mortes de Brigitte Athéa au Bruit des autres) – et les innombrables livres d’artistes où poètes et plasticiens mêlent leurs œuvres mais un dossier n’y suffirait pas.
Alors, comme d’habitude, nous allons vagabonder, ouvrir des pistes, sans autre souci que de faire naître des désirs de lire ou de relire, d’aller voir ici ou là ce que la littérature produit quand les plumes croisent les pinceaux, quand les pages évoquent les toiles, quand la main de l’écrivain dessine le regard du peintre. Et réciproquement.