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Vladimir Nabokov


La Vénitienne



Dans cette nouvelle inspirée par les années passées à Cambridge (de 1919 à 1922), Nabokov prend pour cible la bonne société britannique fortunée et hypocrite. Entre les parties de tennis et le « Five o’clock tea » le narrateur nous donne des indices pour deviner les secrets des protagonistes ; le propriétaire du château, c’est un colonel amateur d’art ; Frank, son fils, est étudiant et peint secrètement à ses heures ; Simpson est son camarade d’université ; un couple d’amis du colonel, les Magor qui viennent de lui apporter un tableau rare et précieux.

Ce tableau va devenir le nœud d’une supercherie géniale et va ouvrir à Nabokov les portes du fantastique. Il représente une femme dans un décor vénitien du XVIe siècle. Il s’agit d’un portrait du célèbre peintre Sebastiano Del Piombo. Mais tout le monde remarque la ressemblance troublante entre cette femme et Maureen Magor. Simpson est fasciné par la beauté étrange de ce tableau. Il s’abîme dans la contemplation de la grâce lumineuse de cette femme jusqu’à ce que la toile l’absorbe et qu’il se fige brutalement dans le décor, personnage rajouté, obscène, décalé. Heureusement un coup de chiffon le sauvera de l’immobilité éternelle. On apprendra que le tableau est un faux, œuvre de Frank qui profite de la confusion pour partir avec son joli modèle…

Nabokov a choisi la peinture – qu’il connaît bien – pour symboliser les faux-semblants dans lesquels cette société baigne ; ce vrai faux tableau va tromper tous les protagonistes, il est à l’image des rapports sociaux : des apparences magnifiques qu’il faut sauver à tout prix pour masquer une réalité inavouable.

On peut admirer en couverture la toile qui a inspiré Nabokov : « Jeune romaine dite Dorothée » de Sebastiano Del Piombo.

Nadine Dutier 



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Folio
250 pages
6,70 €