L’illustrateur belge David Merveille n’en finit pas de revisiter l’univers enchanté de Jacques Tati. Après Le Jacquot de Monsieur Hulot, un album géant très remarqué, publié en 2006, voici à nouveau notre légendaire distrait dans une version bande dessinée.

Vingt-deux saynètes composées de strips et de planches muettes sont autant de gags drôles, absurdes ou poétiques se déroulant dans un Paris romantique des années 1960. Monsieur Hulot regarde la vie de son appartement-terrasse, prend son Solex ou attend le bus, s’offre une promenade au zoo ou un western au cinéma puis s’évade vers un ailleurs où l’on aimerait le suivre. Au passage, il ne manque pas de provoquer quelques catastrophes, sans se départir de son flegme.

Cet album est certes un hommage à l’univers du réalisateur (François le facteur) mais il est également truffé de références et de clins d’œil à notre époque : Fumer pue rappelle une polémique autour d’une affiche, les codes à barres deviennent cauchemar, un enfant danse le hip-hop au détour d’une case… Et en regardant de plus en plus près, on rencontrera peut-être Don Quichotte ou des amoureux de Peynet.

L’univers graphique de David Merveille n’est pas sans rappeler celui de l’affichiste Savignac, par son sens des couleurs, la simplicité du trait et l’évidence du discours. Mais c’est bien son regard d’enfant que nous retrouvons à travers les aventures du personnage qui se prêtent idéalement à la BD.

Une belle réussite éditoriale que l’on doit au Rouergue et un pur moment de bonheur à déguster en famille.

Patricia Châtel 
(14/12/10)