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COROMINAS

Dorian Gray



d'après
Le portrait de Dorian Gray
d'Oscar Wilde






L'adaptation en bandes dessinées d'un classique littéraire peut être un exercice périlleux, surtout lorsque l'intrigue principale du roman qu'il s'agit d'adapter tourne, tout entière, autour d'un tableau, comme dans Le portrait ovale d'Edgard Allan Poe ou le célèbre roman fantastique d'Oscar Wilde. La difficulté de l'exercice tient à la nature même du support. Car la force du roman de Wilde tient peut-être beaucoup à la liberté d'imagination du lecteur pour reconstituer l'évolution monstrueuse du portrait de Dorian Gray, vieillissant à la place de son modèle.
Ce travail de l'imagination n'est pas transposable de la même façon en bandes dessinées. Pourtant, le Dorian Gray de Corominas restitue une bonne partie de l'âme et de la magie de l'œuvre du dandy. Cette version dessinée est très fidèle et très humble vis-à-vis du roman.
"Il est presque impossible que l'adaptation graphique d'un texte dans lequel tout tourne autour de la Beauté soit à la hauteur. Dessiner Dorian a été pour moi un chemin vers l'humilité, dont la récompense fut une meilleure compréhension de l'œuvre de Wilde. […] J'ai cherché un style graphique qui aurait pu plaire à Oscar Wilde."

La métamorphose du portrait introduit chaque chapitre et structure la bande dessinée. Les illustrations sont somptueuses et les nuances de couleurs très travaillées. Les roses irisés et les verts blafards mettent en relief la folie et la cruauté de l'âme damnée du jeune Dorian. Le raffinement des traits, tout en volutes et en drapés, restitue le style emphatique et précis de l'auteur. La délicatesse des formes et du coloris, qui semblent s'inspirer de certaines œuvres d'art déco de Mucha, dépeint un Londres de l'époque victorienne très envoûtant.
"Je me suis beaucoup inspiré de l'Art à l'époque victorienne, notamment pour les décors et les ambiances. Puis il a fallu m'en détacher pour proposer quelque chose de plus moderne, de plus universel."

Corominas met tout son talent pour dépeindre la décadence de Dorian Gray et sa chute aux enfers. Pour cela, il n'hésite pas à rompre l'unité stylistique de ses dessins léchés pour insérer quelques planches ésotériques très personnelles qui s'inspirent des dessins mystiques et hallucinés de Williams Blake. Corominas livre ainsi une adaptation réussie et très généreuse.

Aurélien Dutier 
(19/05/12)    





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Bandes dessinées
















Éditions Daniel Maghen

(Septembre 2011)
96 pages - 18 €





Enrique Corominas,
illustrateur et auteur de BD, remporte en 1986 le premier prix du concours national de BD "Zone 84". Depuis, ses bandes dessinées ont été publiées dans de nombreuses revues et en albums en France, en Italie et en Espagne. Il réside et travaille dans les Asturies.










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