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![]() BARROUX On les aura ! Carnet de guerre d'un poilu Août, septembre 1914 On les aura ! de Barroux est la mise en images du journal de guerre d'un poilu, un document authentique trouvé fortuitement dans une poubelle, par l'illustrateur. Ce carnet est le récit au jour le jour des trois premiers mois de la
première guerre mondiale, à partir de la mobilisation. On y découvre
le quotidien de ce soldat inconnu, parti à la guerre le cur en
bandoulière, persuadé comme tant d'autres que celle-ci sera de
courte durée. Mais le désenchantement vient vite, ce sont alors
les marches épuisantes qui mettent les pieds en sang, les tranchées
qu'il faut creuser sous la pluie, le manque de nourriture et les nuits d'angoisse
au son du canon. Puis, viennent les premiers affrontements, avec ceux qui reviennent
blessés ou restent à terre à jamais. Le journal s'arrête en septembre 1914 quand le narrateur est lui-même blessé par un shrapnel et transporté à l'arrière dans un hôpital d'Auxerre, pour y être soigné. Le carnet de chant qui accompagne le journal intime est quant à lui alimenté jusqu'en mai 1917 et s'arrête brutalement sans que l'on sache si l'homme est finalement revenu auprès des siens ou s'il fait partie des neuf millions de soldats qui ont laissé leur vie sur le Chemin des Dames. La langue utilisée est simple, le récit détaillé et précis. Tout, les lieux, l'effet des obus, le bruit des avions, la souffrance, se trouve consigné dans le cahier d'écolier avec un grand souci de justesse. "C'est avec beaucoup d'émotion que j'ai glissé le cahier et la croix de guerre dans mon sac avec le sentiment d'avoir sauvé un bout d'histoire de la destruction" confie l'artiste. C'est nourri de ce profond respect pour ce poilu inconnu, de cette émotion première, que Barroux a uvré, choisissant un cadrage méticuleusement étudié pour renforcer l'impact des descriptions et leur force d'évocation, se livrant à un découpage original (deux ou trois vignettes par page ou parfois, pour marquer un temps fort, un dessin unique), pour recréer avec justesse et intensité l'atmosphère de ces jours douloureux. Son dessin est ici bien différent de celui qu'on lui connaît (et apprécie) dans ses albums pour les petits ou ses carnets de voyages. Pour accentuer l'authenticité qui se dégage du récit, c'est cette fois avec un crayonné au fusain ou à la mine de plomb volontairement naïf, comme exécuté par le soldat lui-même, et avec des tons gris et noirs, juste jaunis à l'occasion comme de vieilles photographies, qu'il fait écho au texte. Nul doute que le dessinateur s'est également beaucoup documenté
pour restituer sans impair les éléments caractéristiques
de l'armée de l'époque et compléter ce qui a été
si consciencieusement inscrit sur les pages du carnet. Ne pas illustrer, ni
trahir, mais mettre son graphisme au service de ce témoignage offert
par le hasard, avec humilité et honnêteté, est l'intention
qui semble ici prévaloir. Un ouvrage très réussi, un document rare à proposer aux enfants comme aux adultes quelles que soient leurs connaissances préalables du sujet, et un beau moment d'histoire et d'humanité. A lire et faire lire. Dominique Baillon-Lalande (16/08/12) |
Sommaire Bandes dessinées ![]() Éditions du Seuil 96 pages - 16,50 €
Découvrir sur notre site des livres jeunesse illustrés par Barroux : Le Paris de Léon de Barroux Mon voyage en gâteau d'Alice Brière-Haquet & Barroux Parle, Petit Loup de Claudie Stanké & Barroux |
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